La peinture
turque a pris naissance entre le milieu du XIXe
siècle et le début du XXe siècle, et a été très
active dès cette période. Les premiers artistes
venaient d'écoles militaires et civiles. Certains
ont même étudié à l'étranger. Une minorité d'artistes
chrétiens et de "Levantins" ainsi que
des artistes européens vécurent à Istanbul, influençant
le milieu artistique. L'Ecole des Beaux-Arts fut
ouverte grâce à Osman Hamdi Bey en 1883,
et la représentation du corps humain fut normalisée.
La peinture évolua à travers différents mouvements.
Les premiers "nus" apparurent avec la
"Génération 1914" . C'est à cette période
que s'ouvrit l'Ecole des beaux-Arts pour les femmes.
De jeunes artistes envoyés en Europe revinrent
inspirés par le Fauvisme, le Cubisme, l'Expressionnisme
et par les différentes formes de l'art non figuratif
formant deux courants, "l'Association des
Peintres et Sculpteurs Indépendants" et plus
tard le "Groupe D". Une réaction se
dessine contre les influences occidentales dans
les années 1940: les notions d'originalité, de
régionalisme et de nationalisme prirent de l'importance.
Les artistes renouent avec des thèmes puisés dans
la vie rurale, et les motifs empruntés à l'art
populaire, à la calligraphie et à la miniature.
Depuis les années 1960 la peinture turque a acquis
une grande mobilité avec de nombreux artistes
prometteurs aux styles variés. Depuis une vingtaine
d'années des galeries d'art s'ouvrent de plus
en plus nombreuses attirant un public de connaisseurs
et de collectionneurs.
Turgut Zaim “Mother and her Children”
Ibrahim Çalli “Warriors during the War of Inependance”
LE PAPIER MARBRE
Le
papier marbré est un art abstrait turc traditionnel
venu d'Asie Centrale et appelé "ebru".
Il utilise la technique de la peinture à
la surface de l'eau.
LA CERAMIQUE
Les
Ottomans développèrent l'art des céramiques, faiences
et porcelaines en s'inspirant des pays d'Extrême
Orient pour les pièces "mobilières",
et en créant un style décoratif splendide pour
les faiences des décorations murales. Iznik
(Nicée) en fut le plus grand centre de production
( au XVIIe siècle il y eut jusqu'à 340 ateliers).
Faiences d'Iznik du XVIe siècle - Mosquée de
Takkeci à Istanbul
Chope polychrome fin XVIe siècle - Iznik
Cruche début XIXe
siècle Kütahya
Aujourd'hui
on reproduit avec une grande réussite les modèles
anciens, et on crée des pièces originales de grande
qualité à Iznik et Kütahya,
ainsi qu'à Avanos en Cappadoce
devenu un grand centre de la poterie.
LES
TAPIS
Voici des siècles qu'en Orient on utilise des
tapis et qu'on les tient en très haute considération.
La fabrication des tapis a commencé chez les nomades
d'Asie, qui en restent les grands maîtres. Roulés
et transportés sans difficultés, ils font partie
intégrante de leur vie.
L'histoire du tapis à noeuds en Turquie islamique
débute avec l'invasion des Seldjoukides.
Certains échantillons datant du XIIe siècle mettent
Konya en tête
des villes d'Anatolie. Ils sont décorés d'étoiles,
de losanges, d'ornements géométriques, d'oiseaux,
de dragons. La culture islamique a eu une influence
profonde sur l'histoire du tapis. Les Ottomans
se conformant strictement aux pratiques sunnites,
interdisent toute représentation humaine, même
imaginaire. La décoration se trouve limitée aux
formes géométriques, aux fleurs et arbres stylisés,
aux niches de prières.
A partir du XVIe siècle, l'éventail des motifs
utilisés s'ouvre d'avantage et inclut la spirale,
la bande de nuages, les rosettes, les palmettes.
Le principal centre de fabrication se trouve à
cette époque à Usak. Des arabesques formant une
suite de losanges, zigzags, entrelacées, sont
très caractéristiques de ces tapis ras.
Depuis des siècles, le tissage des tapis est l'art
des femmes qui
commencent lorsqu'elles sont très jeunes alors
que leurs doigts fins leur donnent une grande
dextérité et une grande rapidité d'exécution.
Cette tradition se perpétue encore aujourd'hui
en Turquie dans de nombreux villages.
La particularité du tapis turc réside dans
le noeud utilisé:
le noeud turc ou Ghiordes.
Usak ancien
Ladik de prière ancien
Jeunes villageoises tissant
Scène de marché aux tapis
par un peintre orientaliste
Magasin
de tapis "Kariye Pasha"
près du Musée de
Chora/Kariye/Istanbul
Scène de marché aux tapis par un peintre orientaliste
Les tapis de Pergame sont
d'un style différent et se divisent en deux groupes:
les tapis de style cosaque avec de grands motifs
géométriques, et ceux de style turc avec des motifs
floraux. Leur velours est épais et brillant, leurs
couleurs vives (rouge, bleu).
Les tapis de Milas
sont historiquement très réputés, surtout les tapis
de prière, par leurs couleurs particulièrement claires,
avec des décorations simples et larges. Le mirhab
(niche de prière) est de forme allongée terminé
en losange.
Les tapis de Ghiordes: la ville est réputée
pour avoir donné son nom au noeud turc.
Les Tapis de Kula sont très proches des
tapis de Ghiordes et de Usak. Leurs dessins géométriques
sont prononcés mais varient dans la forme, leurs
larges bords sont décorés de petites étoiles et
de fleurs. Ce sont des tapis élégants,en laine à
poils ras aux couleurs riches et douces.
Les tapis de Ladik : Ladik et Konya
sont les centres de production de tapis les plus
anciens de Turquie car Konya était la capitale de
l'Empire Seldjoukide.
Les motifs floraux sont utilisés ainsi que des couleurs
vivent qui se marrient bien entre elles.
Les tapis de Kayseri
du même genre, utilisant souvent des motifs floraux
dont les couleurs sont elles, blanche, crème, marron
clair et foncé. Ils sont soit en coton, en laine,
mais beaucoup sont en soie. Le Bunyan est
un tapis de la même région, mais qui est plus coloré.
Les tapis de Yahyali à
proximité de Kayseri sont très populaires. Une couleur
rouge soutenue est mêlée au bleu indigo. Le motif
principal est l'hexagone et ressemble aux tapis
nomades, avec en plus des bordures aux fleurs stylisées
avec des nuances de jaune et de doré.
Les tapis d'Hereke en coton, laine ou soie
aux motifs floraux traditionnels, sont produits
près d'Istanbul. Au XIXe siecle, ils sortaient des
ateliers travaillant directement pour le sultan.
Un grand nombre était expédié en hommage impérial
aux têtes couronnées de toute l'Europe. Les couleurs
dominantes sont le bleu foncé, le crème, la canelle
et occasionellement le jaune et le vert.
Les tapis Yöruk témoignent d'un artisanat
nomade ou semi-nomade et sont généralement produits
dans les régions montageuses. Ils sont très poilus,
leurs dessins simples (motifs géométriques, fleurs
et animaux stylisés). Des teintures entièrement
végétales leur donnent des couleurs toutes en nuances.
Les tapis de Kars
noués par les tribus caucasiennes du nord-est de
l'Anatolie, sont parmi les plus rares. Ils sont
épais et comportent des motifs géométriques et sont
de couleurs pastels.