Diyarbakir
s'élève au dessus de la rive droite du fleuve Tigre
(Dicle), au nord de la plaine mésopotamienne.
Il y a des milliers d'années, le volcan Karacadağ,
aujourd'hui éteint, entra en éruption, déposant
une épaisse couche de basalte. Diyarbakir, dont
les fondations reposent sur ces strates de basalte,
est surnommée "la Noire" car ses
remparts et une grande partie de la ville sont construits
avec cette pierre.
La région de Diyarbakir vit se succéder différentes
civilisations telles que les Hurrites,
les Mittaniens,
les Araméens, les Chaldéens, les Assyriens,
les Urartéens, les Mèdes,
les Perses, les Macédoniens.
La ville, connue à l'époque sous le nom d'Amida,
à partir de 115 ap. J.C., fut l'enjeu de guerres
entre les Parthes, les Sassanides et les Romains.
Finalement, en 297, Amida fut annexée à l'Empire
Romain. Une forteresse fut construite sur le tertre
surplombant la ville et en 349, l'Empereur Constance
la fit entourer de remparts plus tard renforcés
par les Byzantins,
notamment au VIe siècle sous le règne de Justinien
afin de faire face à la menace constante des Sassanides.
Mais vers 638, les formidables remparts ne purent
résister aux attaques des tribus arabes, regroupées
sous la bannière de l'Islam, qui se lancèrent à
l'assaut de la Syrie, de la Mésopotamie et de l'Iran
après avoir défait les Byzantins à la Bataille de
Yarmouk (qui délimite la frontière moderne entre
la Jordanie et la Syrie) en 636. La ville fit d'abord
partie du Califat Omeyyade (660-750), puis Abbasside,
prenant le nom de Kara Amid et enfin de Diyar-bekr.
Vers
la fin du Xe siècle, la ville devint indépendante
sous les souverains Marwanides (990-1096) qui restaurèrent
les remparts. Le Persan Nâser-e-Khosrow qui visita
la ville, atteste dans ses mémoires qu'elle était
la plus importante place forte qu'il ait jamais
vu. Les successeurs des Marwanides, les Seldjoukides-Artukides,
fondèrent une dynastie turcomane
à Diyarbakir vers la fin du XIe siècle. Mais au
XIIIe siècle, la région fut balayée par les Mongols
et les remparts résistèrent difficilement à leurs
assauts et à ceux de Tamerlan
au XIVe siècle. Les turcomans des Moutons Blancs,
les Akkoyunlular, installés
dans la région au milieu du XIVe siècle, régnèrent
sur Diyarbakir jusqu'à la chute de leur dynastie
en 1507. Diyarbakir passa alors aux mains des Perses
Safavides, mais lorsque Ismail Shah fut vaincu par
le Sultan Selim Ier en
1515, la ville fut incorporée à l'Empire
Ottoman.
La ville fortifiée prit sa forme actuelle durant
la période islamique avec de nombreux apports architecturaux.
Diyarbakir est réputée pour le travail du cuivre
et de l'argent et pour ses pastèques.
Au mois de septembre durant son Festival des Pastèques,
il est possible de voir des pastèques dont le poids
peut atteindre jusqu'à une quarantaine de kilos.
Les autres festivals et fêtes qui ont lieu dans
la ville sont:
Le Festival de la Culture et des Arts qui se tiend
chaque année en septembre. Nevruz, celebré le 21 mars,
qui commémore le premier jour du printemps. Hidirellez, celebré le
6 mai, qui sont des festivités en rapport avec la
culture et le printemps.
Aujourd'hui, le Projet
GAP (Projet de l'Anatolie du Sud-Est) et le
développement des systèmes d'irrigation ont apporté
une plus grande prospérité à la région de Diyarbakir.
Diyarbakir est reliée à Istanbul et Ankara par des
vols quotidiens.
A voir dans la ville:
Les Remparts, qui ceinturent la ville,
font 5,7 km de long, 12 m de haut et de 3 à 5 m
de large, et sont en assez bon état de conservation.
Ils comprennent quatre portes avec chacune des inscriptions
et des bas-reliefs, et quatre vingt deux tours et
bastions. Le bastion principal est le "Bastion
des Sept Frères" (Yedi Kardeş), construit en
1208 par le souverain artukide Melik Salih Memduh.
Il comporte un bas-reliefs représentant un aigle
à double tête et un lion ailé. Les
trois portes principales sont la Porte d'Harput,
la Porte d'Urfa et laPporte de Mardin. La partie
la plus intéressante de cette enceinte se situe
entre les Portes d'Urfa et de Mardin. Vus des airs,
les impressionnants remparts en basalte noir ont
la forme du poisson appelé turbot. Ils constituent
l'un des plus beaux exemples de l'architecture militaire
médiévale.
Ulu
Camii, la Grande Mosquée,
fut érigée par le sultan seldjoukideMalik Shah en 1090-1091,
à l'emplacement de l'ancienne église byzantine St.
Thomas (Mar Toma)
qui avait déjà été convertie en mosquée en 639.
Cette mosquée, qui est l'une des plus anciennes
de Turquie, fut construite en basalte mais l'originalité
de son architecture réside dans sa conception et
dans le fait qu'elle (et particulièrement les ailes
est et ouest) comporte de nombreux matériaux de
réemploi, datant de la période byzantine et d'autre
plus anciennes. Les murs de la mosquée sont décorés
de niches, de colonnes
corinthiennes, de marbre sculpté, de bas-reliefs
et d'inscriptions en caractères coufiques.
L'intérieur est remarquable par la décoration en
ébène du plafond de la nef centrale et la frieze
calligraphique incrustée de nacre. La mosquée possède
un minaret rectangulaire, et deux fontaines d'ablutions
ou "şadırvan" (la plus récente est datée
de 1849) qui se trouvent dans la vaste cour.
Mesudiye
Medresesi, contigu à la Grande Mosquée
et l'une des premières écoles théologiques,
fut terminée par les Artukides en 1198. Zinciriye Medresesi est construit
selon le plan
traditionnel du medrese
seldjoukide. C'est une extension d'Ulu Camii.
Le Musée Archéologique: Le premier
musée de Diyarbakir fut crée en 1934 dans
le Zinciriye Medresesi. Il a été transféré
dans de nouveaux locaux sur Elazig Caddesi
en 1985.
Safa
Camii, construite en 1532 à l'époque des
Akkoyunlular, possède un minaret finement
sculpté avec des faiences émaillée sur sa
base.
Nebii
Camii est
une mosque du début du XVIe siècle. Les nombreuses
allusions faites à Mahomet dans les inscriptions
sur le minaret daté de 1530, ont valu à la
mosquée le deuxième nom de Peygamber Camii,
la "Mosquée du Prophète".
Behram
Pasa Camii fut construite en 1572 par le gouverneur
Berham Pacha. C'est l'une des plus grandes et des
plus intéressantes mosquées ottomanes de la ville,
en particulier avec sa surprenante façade. Une sorte
de béton précontraint y a été utilisé, anticipant
de quelques quatre cents ans l'utilisation généralisée
de ce matériau.
Hazreti
Süleyman Camii, également connue sous le nom
de Kale Camii (Mosquée de la Citadelle), fut construite
entre 1155 et 1169. Le style de la mosquée est seldjoukide
excepté pour le minaret carré avec sa courte flèche
qui dénote une influence arabe. Le mausolée contigu
abrite les tombes d'anciens héros des guerres islamique
dans la région.
Fatih
Pasa Camii fut construite entre 1516 et 1520
par Biyikli Mehmet Pacha, le
commandant de l'armée ottomane qui conquit la région
de Diyarbakir, et qui fut le premier gouverneur
de la ville.
Seyh Mutahhar
Camii, construite par les Akkoyunlular, est
intéressante pour son minaret qui s'élève sur une
base constituée par quatre colonnes taillée dans
un seul bloc de pierre. Il paraîtrait que si l'on
fait sept fois le tour des colonnes en faisant un
voeu, celui-ci sera exaucé.
Deliller
Han est un caravansérail
construit près de la Porte de Mardin par le
second gouverneur de Diyarbakir, Hüsrev Pacha,
pour répondre aux besoins des marchands et
des pélerins voyageant vers les pays du Hidjaz
où sont situées les deux plus saintes villes
de l'Islam, la Mecque et Médine, et vers les
pays de la Route de la Soie comme la Syrie,
l'Iran et l'Inde. Le han fut construit en
pierre blanche d'Urfa
et en pierre noire locale entre 1521 et 1527
avec une mosquée et un medrese, l'ensemble
étant appelé Külliye. Le han a été transformé
en hôtel où se trouvent des magasins de tapis
et de souvenirs.
Hasan
Pasa Han fut construit par le troisième gouverneur
de Diyarbakir, Hasan Pacha, en 1572-73. De nos jours
il abrite un bazar aux tapis coloré.
L'Eglise de la Vierge Marie (Meryemana Kilisesi)
est un sanctuaire du IIIe siècle utilisé par les
derniers membres de la communauté chrétienne syraique-jacobite,
où les offices sont célébrés
en araméen, la langue de Jésus. L'église, qui a
été restaurée de nombreuses fois, possède un autel
byzantin et quelques icones intéressantes. L'autre
église toujours en activité à Diyarbakir est l'Eglise
Chaldéenne (Keldani Kilisesi).
Cahit Sitki Taranci Evi, est un très bel
exemple local de maison ottomane du début du XIXe
siècle. C'est un bâtiment de deux étages, construit
en basalte et pierre blanche pour la décoration.
Toutes les façades donnent sur la cour intérieur.
C'est içi que naquit et vécut le poète de la période
républicaine Cahit Sitki Taranci(1910-1954).
Transformée en musée ethnographique, la maison expose
les objets personnels du poète.
Ziya
Gökalp Evi : cette maison, qui est un autre
exemple typique d'architecture locale, fut construite
en 1808. Içi naquit l'érivain Ziya Gökalp en 1876.
C'est aujourd'hui un musée ethnographique où sont
exposés les
objets personnels de l'écrivain.
Le
Pont du Dicle, qui enjambe le Tigre (Dicle)
au sud de la ville, peut-être vu depuis les remparts
et depuis le Kiosque d'Atatürk (Atatürk
Köskü) situé extra-muros, près du fleuve. Une inscription
nous informe que le pont à dix arches a été construit
en 1065 durant la période Marwanide.
Hasankeyf
est un véritable
musée en plein air situé à la sortie d'un impressionnant
défilé du Tigre. Les habitations
troglodytiques et les ruines d'Hasankeyf témoignent
d'un passé chargé d'histoire, quoiqu'il ne soit
pas possible de dire quand et par qui elle fut habitée
pour la première fois. Les Romains
construisirent la place forte de Cephe sur la frontière
séparant l'Empire Romain de l'Empire Perse Sassanide,
dans un endroit stratégique situé sur une falaise
à pic surplombant le fleuve Tigre. Sous le nom de
Kiphas, qui signifie "rocher abrupt",
les Byzantins
en firent aussi leur bastion du sud-est de l'Anatolie.
Au Ve siècle, cet endroit devint le siège d'un évêché.
Au
VIIe siècle,
la ville, convoitée par les Arabes, tomba aux mains
des Omeyyades qui changèrent son nom en Hisn Kayfa,
et plus tard des Abbassides. Hasankeyf connut son
âge d'or lorsqu'elle devint la capitale des turcomansArtukides durant tout le
XIIe siècle. Au cours de cette période, un magnifique
pont et deux palais furent construits. Le commerce,
dont la plus grande partie se faisait sur le fleuve,
se développa considérablement (la ville était un
relais sur la Route de la Soie). Les Ayyoubides
(descendants de Saladin) qui prirent la ville en
1232, construisirent des mosquées qui firent de
Hasankeyf un important centre de l'Islam. En 1260,
les Mongols envahirent
la ville qui souffrit beaucoup de cette période
mais renaquit de ses cendres puisqu'elle devint
le lieu de villégiature des émirs turcomansAkkoyunlu qui régnaient
depuis Diyarbakir. Hasankeyf, après être passée
sous l'hégémonie des Perses Safavides pendant quelques
temps, fut incorporée à l'Empire
Ottoman en 1515 et graduellement perdit de son
importance et sa gloire passée.
Dû
à ses atouts historiques et archéologiques, Hasankeyf
a été déclarée secteur sauvegardé depuis 1981. Mais
d'après le projet GAP,
cette région doit être submergée par la montée des
eaux du barrage de Ilısu, et les travaux mis en
oeuvre pour le sauvetage de la ville basse et de
la ville moyenne sont toujours en cours.
Le
Vieux Pont du Tigre fut construit en 1116 par
l'Artukide Fahrettin Karaaslan. Il en remplaça très
probablement un plus ancien puisque lorsque Hasankeyf
fut conquise par les Arabes en 638, ils mentionnèrent
la présence d'un pont. Ce magnifique pont passait
pour être le plus grand de la période médiévale.
L'ouverture entre les deux piles du milieu qui supportaient
la grande voûte, est de 40 mètres. Cette voûte était
en bois et pouvait ainsi être retirée afin d'empêcher
l'accès à la ville en cas de danger. Cependant,
il semblerait que cette propriété ait écourté l'existence
du pont.
La
Citadelle est perchée à 100 m au-dessus
du Tigre, sur une falaise calcaire abrupte.
A voir toutes les cavernes creusées dans le
roc, il est clair que l'endroit a servi de
lieu d'habitation depuis les temps reculés.
L'accès à la citadelle se fait par un sentier
défendu par quatre portes (il y en avaient
sept au total). Les quelques ruines du
Petit Palais, construit par les Ayyoubides,
s'élèvent de façon spectaculaire sur le bord
de la falaise, sur le côté nord-est de la
citadelle qui offre un vue époustoufflante
sur la vallée. Au-dessus de l'une des fenêtres,
on peut voir un bas-relief représentant deux
lions et une plaque avec une inscription en
caractères coufiques.
Plus loin se trouvent les ruines de de la
Grande Mosquée, Ulu Cami, construite
par les Ayyoubides en 1325 sur les vestiges
d'une église. Le ruines du Grand Palais,
construit par les Artukides, sont situés au
nord de la citadelle en bas de la Grande Mosquée.
La tour rectangulaire, indépendante du bâtiment,
devait être une tour de guet.
La
Mosquée El Rizk, construite en 1409 par
le célèbre sultan ayyoubide Süleyman, s'élève
au bord du fleuve avec son imposant minaret
qui est resté intact. Les inscriptions sur
le minaret et sur le portail, les ornementations
végétales font les caractéristiques de charme
de cette mosquée.
La
Mosquée de Süleyman, également construite
par le Sultan Süleyman, est entièrement détruite
et même la tombe du sultan a disparu. Seul
a survécu le minaret qui est décoré d'ornementations
végétales et d'inscriptions en caractères
coufiques.
La
Mosquée Koç est située à l'est de la Mosquée
de Süleyman. D'après ses propriétés générales
et ses décorations en plâtre, il semblerait
que cette mosquée appartienne à la période
ayyoubide. Par la présence, autour de la mosquée,
de ruines appartenant à différentes constructions,
il semblerait qu'elle faisait partie d'un
"külliye", complexe comprenant un
medrese, un imaret (soupe populaire), un hôpital
etc...
La
Mosquée Kizlar, située à l'est de la Mosquée
Koç, semblerait aussi dater de la période
ayyoubide. La partie qui est utilisée de nos
jours en tant que mosquée, était en fait un
mausolée où l'on peut encore voir des restes
de tombes.
La
Tombe de l'Imam Abdullah se trouve sur
la colline située à l'ouest du nouveau pont.
L'Imam Abdullah était le petit-fils de Cafer-i
Tayyar lui même oncle du Prophète Mahomet.
Une épitaphe signale que la tombe fut restaurée
par les Ayyoubides.
Le
Mausolée de Zeynel Bey est situé sur la
rive opposée du Tigre. Zeynel Bey était le
fils de Uzun Hasan, de la dynastie des Akkoyunlu
qui régnèrent sur Hasankeyf au XVe siècle
durant une courte période. On peut encore
y voir des traces des
belles faiences émaillées de couleur turquoise
et bleu foncé qui décoraient le corps cylindrique
du mausolée, ainsi que des inscriptions calligraphiques
mentionnant les noms d'allah, Mahomet et Ali.
Ce türbe est l'un des rares exemples dans
son genre en Anatolie.
En
plus de ces témoignages historiques, toute
la localité d'hasankeyf est intéressante par
ses milliers de cavernes et habitions troglodytiques.
Certaines comprenaient plusieurs étages et
étaient même approvisionnées en eau. Il y
avait aussi des églises et des mosquées creusées
dans les rochers, et des cimetières. Jusqu'à
il y a peu de temps, plus d'un trentaine de
meules taillées dans la roche servaient encore
à moudre le grain de la région.
MARDIN
Mardin
est une petite ville pittoresque du fait de sa
situation exceptionnelle puisqu'elle est étagée
sur les flancs d'une montagne à 1 300m d'altitude.
Elle jouit d'un superbe panorama sur les vastes
plaines de Mésopotamie qui s'étendent
jusqu'à la Syrie dont la frontière
n'est qu'à une vingtaine de kilomètres.
Du haut de la montagne recouverte de calcaire
et de lave, Mardin a été témoin
de milliers d'années d'histoire. Les traces
de l'existence de la ville remontent à
1800 av. J.C. lorsque le premier Royaume Babylonien
fut fondé. Ensuite, les Mittaniens,
les Assyriens et les
Hittites établirent
leur souveraineté à Mardin et dans
les environs. Au début du VIIIe siècle,
la région fut annexée au Royaume
de l'Ourartou, mais avec son déclin,
elle retomba aux mains des Assyriens. Vers la
fin du VIIe siècle av. J.C., la région
fut attaquée par les Mèdes,
et en 546, elle passa sous domination des Perses
jusqu'en 333 av. J.C., date à laquelle
Alexandre le Grand mis fin à leur souveraineté,
annexant la région. A la mort d'Alexandre,
son empire fut divisé entre ses généraux
et la région demeura à l'intérieur
des frontières du Royaume
Séleucide. Au milieu du Ier siècle
av. J.C., Mardin fut incorporée dans l'Empire
Romain. La région fut l'enjeu des guerres
entre les Romains et les Parthes
et plus tard, entre les Byzantins
et les Sassanides.
Au VIIe siècle, la région passa
sous domination arabe et fit partie du Califat
Omeyyade puis ultérieurement du Califat
Abbasside, mais du fait du déclin politique
de ce dernier, les Marwanides prirent le pouvoir
entre environ 990 et 1096 jusqu'à la conquête
seldjoukide de l'Anatolie.
Vers la fin du XIIe siècle, les Turcs-Artukides
règnant furent affaiblis par le Sultan
Ayyoubide Saladin qui
aspirait à conquérir la région.
En 1260, après un siège de huit
mois, Mardin tomba sous l'hégémonie
de Mongols Ilkanides.
En 1400, Mardin fut prise par Tamerlan qui, lors
de sa retraite d'Anatolie, laissa la ville sous
le contrôle des Karakoyunlular
(le clan des Moutons Noirs), mettant ainsi fin
au règne des Artukides. Cependant en 1462,
le clan rival des Akkoyunlular
(Moutons Blancs) conquit Mardin. Au début
du XVIe siècle, la ville tomba aux mains
des Perses Safavides, mais lorsque Ismail Shah
fut vaincu par le sultan Selim
Ier, il fut forcé d'abandonner ses
conquêtes du nord de la Mésopotamie.
Après un siège d'un an, Mardin fut
incorporée à l'Empire Ottoman en
1516. Suite à la Bataille de Nizip en 1839,
les troupes du vice-roi d'Egypte Mehmet
Ali occupèrent la ville pendant une
courte période. Après la proclamation
de la République,
Mardin devint une province.
La ville, connue dans l'antiquité sous
le nom de Marida (d'après certaines sources
un nom araméen signifiant "forteresse),
a accueilli des populations d'origines ethniques
et de religions différentes telles que
les Chrétiens Assyriens ou Syriaques également
appelés Araméens, les Juifs, les
Yezidis, les Arabes, les Kurdes, les Arméniens
et les Turkmènes. Malgré le fait
que la grande majorité d'entre eux ait
émigré à Istanbul ou à
l'étranger durant les années de
la République, en plus du turc, le kurde
et l'arabe sont largement parlés à
Mardin et dans ses environs, et il est encore
possible d'entendre des mots prononcés
en araméen (la langue que parlait Jésus),
en grec ou en arménien.
Mardin,
qui était située sur l'historique
Route de la Soie, connut un commerce florissant
grâce aux caravanes sur les routes Halep-
Mossoul et
Diyarbakir-Mossoul. La ville était autrefois
réputée pour sa soie et les tissus
tissés à Mardin et à Midyat
étaient envoyés au Palais Ottoman.
Il y avait environ trois mille métiers
à tisser jusqu'à la Première
Guerre Mondiale. Aujourd'hui, l'économie
de Mardin repose essentiellement sur l'agriculture
(haricots, céréales), l'élevage
(moutons, chèvres), la petite industrie
et l'artisanat. Mardin possède d'importantes
réserves minières telles que le
pétrole et le gaz naturel autour de Nusaybin,
et de phosphate près de Mazidag et Derik.
Mardin
est une ville d'un grand attrait de par sa situation
et de par son architecture traditionnelle bien
présevée. En flânant le long de
la rue principale et par un dédale de ruelles,
d'escaliers et de passages (sous les maisons)
appelés abbara par la population
locale, le visiteur découvrira le bazar avec ses
corporations, une succession de maisons traditionnelles
anciennes bien préservées en pierre
sculptée dont les hauts murs caractérisent
l'intimité de la famille, ainsi que de
beaux monuments dont la structure architecturale
remonte à la période des Artukides.
Les étroites rues de Mardin, où
se mêlent son de cloche et appel à
la prière, révèlent de belles
églises et mosquées.
Mardin
est reliée à Istanbul et Ankara par des vols quotidiens.
A voir dans la ville:
Zinciriye
Medresesi
est également appelé Sultan
Isa Medresesi.
Construit en 1385 pr le Bey
Artukide
Necmettin
Isa, cette ancienne école coranique possède
un très beau portail sculpté. Son
toit en terrasse offre d'intéressantes perpectives
sur les deux dômes dont on découvre
mieux la particularité du travail de la
pierre, ainsi qu'une vue exceptionelle sur la
plus grande partie de la ville en contre-bas.
Travail typique de la pierre
de la région de Mardin
Le minaret de la Mosquée Latifiye
vu depuis le medrese
Latifiye
Camii : cette
mosquée, construite en 1371 par l'Artukide
Abdullatif, se trouve
dans le bazar. Le minaret fut érigé
en 1845.
Ulu
Camii, la grande mosquée, est un monument
artukide de la fin du XIIe siècle. La mosquée
fut agrandie aux XIVe et XVe siècles. En
1832 une expolsion l'endommagea fortement et elle
dut être restaurée. L'imposant minaret,
datant du XIXe siècle, fut élevé
dans la cour sur un podium carré où
est inscrite la date 672 de l'Hégire (1176). La
mosquée se trouve dans le bedesten (le
bazar).
Les
Bâtiments de la Poste, situés dans la rue
principale, qu'il ne faut surtout pas manquer
de visiter afin d'admirer, en haut des escaliers,
le travail en dentelle de la pierre.
Kasim Pasa Medresesi (le Medrese du Sultan
Kasim): la construction de ce medrese fut débutée
par les Artukides
à la fin du
XIVe siècle et terminée sous les
Akkoyunlular (les Moutons
Blancs) par Kasim Padisah, le fils de Cihangir.
Ce
complexe à deux étages, appelé
külliye
en turc, abrite également une mosquée
et un türbe (tombe). Le medrese, ou école
coranique, possède vingt-trois pièces
ainsi qu'une cour intérieure avec un bassin.
La façade principale et la terrasse du
medrese dominent les plaines de la Mésopotamie
au sud.
Le
Musée de Mardin
est situé dans l'ancien Patriarcat Syriaque
Catholique, un bâtiment
construit par le
Patriarche d'Antakya Ignatios
Behnam Banni en
1895.
Plus tard, l'endroit
fut utilisé à différentes
fins puis fut acheté à la Fondation
Syriaque Catholique par le Ministère de
la Culture qui le restaura et l'ouvrit en tant
que musée en 1995, remplaçant l'ancien
musée qui se trouvait dans le Zinciriye
Medresesi. La section archéologique expose
des objets caractéristiques de Mardin et
de sa région, tout particulièrement
Mydiat.
Le musée est situé sur l'Avenue
Cumhuriyet
à côté de la statue d'Atatürk.
A
Mardin, afin que les églises ne ferment
pas leurs portes, les familles chrétiennes
vont en alternance dans différentes églises
de différentes denominations
(Syriaque Orthodoxe ou Araméenne, Syriaque
Catholique, Chaldéenne Catholique, Arménienne
Catholique). Parmi les églises l'on mentionnera
l'Eglise Mar Yusuf (St Joseph), l'Eglise Mar Yusuf
(Surp Hosvep), l'Eglise Surp Kevork (St Georges),
le Monastère Mar Efrem...
La
citadelle qui couronne Mardin date de la période
romaine et fut reconstruite au Moyen-Age. Ses
vestiges sont situés en zone militaire et ne se
visitent pas.
Deyrul
Zaferan,
situé à 6,5 km à l'est de Mardin, est également
connu sous le nom de "Monastère du
Safran" (un dérivé du nom arabe
Deir-Al- Zafaran) très probablement à
cause de la couleur de la pierre avec laquelle
il a été bâti. Ce monastère
syriaque-jacobite fut construit à la fin
du IVe siècle à l'emplacement d'un
temple utilisé par des adorateurs du soleil
aussi loin que 2000 ans av. J.C., et que l'on
peut encore voir à l'intérieur du
monastère. Une fenêtre, aujourd'hui
murée, dans le mur est permettait aux adorateurs
d'assister au lever du soleil et une niche dans
le mur sud servait d'autel. Le plafond a cette
extrordinaire particularité d'être
fait d'énormes blocs de pierre qui se soutiennent
sans qu'il y ait eu recours à l'utilisation
de mortier. Le monastère fut agrandi au
cours des siècles.
De 1160 à 1932, le monastère fut
le siège du Patriarcat Syriaque Orthodoxe
(suite à l'effondrement
de l'Empire Ottoman et à la situation
politique du nouvel Etat Turc, le Patriarche Mar
Efrem dut déménager le patriarcat
à Homs en Syrie et après sa mort,
il fut transferé à Damas en 1959).
Le monastère renferme les tombes de cinquante
deux patriarches syriaques orthodoxes. Dans la
chapelle l'on peut voir le trône patriarcal
ainsi qu'une bible d'une grande valeur historique.
La messe est célébrée en
araméen dans la chapelle.
Des chambres sont disponibles pour les personnes
en
visite au monastère
pour des raisons religieuses.
La chapelle
Temple des adorateurs du soleil
Les ruines
de Dara sont situées à 30 km
au sud-est de Mardin sur la route de Nusaybin
dans le village de Oguz dont les maisons ont été
construites à l'emplacement d'une ancienne
forteresse.
Jadis, Dara fut un lieu important de la Haute
Mésopotamie. Dara prit son nom de Darius
Ier, ou en persan original "Darayavaush"
qui veut dire "roi". Après qu'Alexandre
le Grand eut vaincu les Perses, la région
passa sous la domination des Séleucides.
Plus tard, Dara tomba aux mains des Romains, des
Parthes, des Byzantins, des Sassanides et des
Arabes avant d'être incorporée aux
territoires turcs. Durant une courte période,
Dara fut rebâptisée Anastasiopolis
lorsqu'elle fut fortifiée en 506 par l'empereur
Byzantin Anastase Ier contre les Perses Sassanides.
Les ruines de Dara couvrent une grande superficie.
Elles comprennent une prison souterraine et une
impressionnante structure monumentale situées
sous ce qui était autrefois le palais,
des entrepôts, des habitations troglodytiques,
de grandes citernes, un arsenal, un pont, des
fortifications...
Savur, qui se trouve au nord-est de Mardin,
est une jolie petite ville à l'architecture
bien préservée. Elle est entourée
de vignes et de pommeraies.