Situé
à 44 km au sud d'Urfa
à proximité de la frontière syrienne au milieu
d'une plaine aride, le village d'Harran est
une des plus anciennes cités mésopotamiennes
d'environ 5 000 ans où Abraham
aurait passé plusieurs années de sa vie. Le
nom d'Harran, qui est mentionné dans l'Ancien
Testament, fut trouvé pour la première fois
sur des tablettes cunéiformes datant du début
du 2e millénaire av. J.C.. D'Après Ibn Jübeyr,
un voyageur qui visita la région en 1184,
la plaine avait été bien arrosée et irriguée
par des rivières et des canaux, et Harran
était une ville riche à l'ombre de ses arbres,
mais elle avait été défigurée par une longue
période de sécheresse.
Harran au XIIIe siècle
La
particularité d'Harran réside dans ses vieilles
maisons en brique et pisé appelées "maisons-ruches"
(kovan evler en turc) de part leur étonnant toit
en forme de cône. Ces maisons, construites vers
le début du XIXe siècle sur les ruines d'Harran,
sont encore habitées.
Auprès
du village se trouvent les ruines de la ville antique
avec les restes d'une enceinte et de sept portes.
Elle fut construite sur l'emplacement du très vieux
temple paien dédié au Dieu - Lune Sin, étant donné
qu'Harran était un centre de l'idolatrie mésopotamienne
depuis des siècles. La vénération de la lune, du
soleil et des planètes (voir plus bas Sumatar) continua
jusqu'au IXe siècle ap. J.C., longtemps après que
le Caliphe Omeyyade Merwan II ait fait d'Harran
sa capitale et que la Grande Mosquée ait été construite
(744-750). Pour cette raison, la science de l'astronomie
était très développée içi, et sous les Abbassides,
Harran fut réputée pour son université islamique,
fondée par Harun Rashid, où de nombreux théologiens,
érudits et savants étudièrent. Les Mongols détruisirent
la ville et l'université en 1270 et Harran ne retrouva
plus jamais sa splendeur passée.
Le
grand Temple de Sin était très probablement situé
sous la Grande Mosquée car des stèles érigées sur
l'ordre du roi néo-babylonien Nabonide au VIe siècle
av. J.C., et symbolisant le Dieu Lune et le Dieu
Soleil, y furent retrouvées. D'après une autre source
le temple pourrait se trouver sous le tumulus de
22 m de haut qui se trouve au centre de la cité.
Les fondations de nombreux vestiges datant de différentes
périodes se trouvent à l'intérieur de l'enceinte.
Les ruines les plus importantes sont : Le château fort fut probablement construit
durant la période pré-islamique et fut restauré
plusieurs fois. La Grande Mosquée monumentale, construite
à l'origine au VIIIe siècle avec son minaret carré
de 33 m de haut fait de pierre et de brique, fut
restaurée et agrandie au XIIe siècle et comporte
de éléments de décoration des styles omeyyade et
seldjoukide. Une petite mosquée près de la Porte de Raqqa. Une église située au nord-est de la Grande
Mosquée.
Les objets provenant des fouilles éxécutées à Harran
sont exposés au Musée d'Urfa.
A voir dans le environs
d'Harran:
La
Mosquée de l'Imam Bakir, le petit-fils de Fatima
(la fille du Prophète Mahomet) qui aurait eu les
doigts coupés à cet endroit lorsqu'il faisait la
guerre pour la conquête d'Harran, est située à 3
km au nord.
La
Mosquée et la Tombe de Cabir El Ensar, qui était
un compagnon du Prophète Mahomet, sont situées 20
km au nord d'Harran.
Han
El Ba'rur est un caravansérail
seldjoukide du début du XIIe siècle, situé à 20
km à l'est d'Harran dans le village de Göktaş.
La
cité de Şuayb (Jethro) est située 45 km à l'est
d'Harran. Parmi les ruines très étendues se trouve
une habitation troglodytique où aurait vécu le Prophète
Jethro.
SUMATAR
Sumatar, situé à 60 km au nord-est d'Harran, est
un sanctuaire paien du IIe siècle ap. J.C. consacré
par les Sabiens dont l'étrange religion était
un mélange d'astrologie babylonienne et de philosophie
néo-platonicienne. Les Sabiens vénéraient la divinité
suprême qui était Sin le Dieu -Lune dont le temple
principal se trouvait à Harran, et Marilaha qui
gouvernait l'univers par l'intermédiaire de divinités
planétaires.
Le vestige majeur de Sumatar est le Temple du
Dieu -Lune Sin qui comporte sur ses murs des
inscriptions et des bas-reliefs de personnages représentant
les planètes. Des inscriptions similaires et des
bas-reliefs représentant les dieux sont gravés sur
la paroi rocheuse du mont sacré au nord-ouest du
village.
Le site archéologique comprend également des ruines
de temples de forme cylindrique (Temples de Saturne,
Jupiter, Vénus…) et cubique (Temples du Soleil,
de Mercure…), un tumulus surmonté par des murs et
des tours de gué qui faisaient partie d'un château
du IIe siècle, ainsi qu'une double grotte où l'on
distingue des bas-reliefs de personnages de taille
réelle et des inscriptions en langue syriaque.
HALFETİ
Halfeti est située
dans un cadre pittoresque au fond d'un canyon au
bord de l'Euphrate. La
montée des eaux du barrage de Birecik a submergé
toute la vallée environnante où s'étendaient de
grand jardins.
Depuis Halfeti, une agréable promenade en bateau
d'environ une heure et demie permet de découvrir
le canyon ainsi que la forteresse de Rumkale
dont les ruines témoignent de plusieurs époques
puisque Hittites, Assyriens, Mèdes, Perses,
Romains et Arabes se sont succédés dans la
région. Sur la rive opposée on verra des restes
d'habitations troglogytiques. L'Apôtre Jean
aurait crée à Rumkale un centre chrétien pour l'évangélisation
de la région de Gaziantep.
Halfeti
Rumkale
BİRECİK
Birecik
est une petite ville étagée à flanc de colline sur
la rive gauche de l'Euphrate.
L'ancienne Birtha commandait le passage obligatoire
sur le fleuve. Durant les Croisades,
elle assura les communications vitales entre la
principauté d'Antioche
et le Comté d'Edesse.
Les ruines de la grande forteresse médiévale surplombent
la ville et le fleuve. Un très bel oiseau migrateur
appelé le "Kelaynak" (Ibis)
vient se reproduire dans la région. Cependant l'espèce
étant en voie de dispartion, ces oiseaux sont gardés
dans une ferme d'élevage pour faciliter leur reproduction
puis sont remis en liberté. Il est possible de voir
ces oiseaux au "Kelaynak Üretim Çiftliği"
situé au bord du fleuve. Le kelaynak donne lieu
à un festival chaque année.
BELKIS - ZEUGMA
Située à quelques kilomètres au nord de Nizip,
la ville antique de Zeugma fut identifiée au début
du XXe siècle par F. Cumont. Cependant, les premières
fouilles n'ont été pratiquées qu'à partir de 1987,
et en 1992 la découverte d'une villa romaine du
IIe siècle av. J.C. révèla des merveilles (mosaiques,
peintures murales, sculptures) qui sont exposées
au Musée Archéologique de Gaziantep.
Avec la construction du barrage de Birecik (qui
est la dernière construction du GAP
sur l'Euphrate), la mission
franco-turque de Zeugma a été créée en 1995 afin
d'explorer en urgence les deux villes antiques majeures
destinées à être englouties et qui étaient implantées
de part et d'autre de l'Euphrate: Zeugma-Séleucie
et Apamée (qui elle, est aujourd'hui totalement
submergée). Les eaux du barrage doivent recouvrir
au total 1/ 5e du site de Zeugma. Les parties non
submersibles seront fouillées ultérieurement.
Fondées
vers 300 av. J.C. par Séleucos
I Nicator, Séleucie-Zeugma et Apamée étaient
situées sur la "route sud de la soie"
qui reliait la Méditerranée à l'Inde et à la Chine.
A l'époque hellénistique, cet endroit était le lieu
de traversée le plus célèbre sur l'Euphrate car
un pont flottant fait de rondins de bois assurait
de manière quasi-permanente la traversée des caravanes
et des convois militaires en route vers la Mesopotamie.
En 256 av. J.C., Zeugma fut détruite par les Perses
Sassanides. Zeugma connut sa période la plus florissante
à l'époque romaine. Elle
devint la ville de garnison de la IVe Légion et
fut célèbre pour son sanctuaire dédié à Tyché. La
ville fut également habitée à l'époque byzantine
jusqu'au VIIIe siècle environ, période à laquelle
elle fut abandonnée après les invasions arabes.
Aux Xe et au XIIe siècle, il y eut une petite implantation
abbasside, et au XVIIe siècle le village de Belkıs
fut fondé.
Cette partie a été submergée
Le site après la montée des eaux de quelques mètres
Partie non submersible
KARKAMIŞ
(KARKEMISH)
Le site de Karkemish (Barak) est situé
de part et d'autre de la frontière turco-syrienne
dans une zone militaire. De cette ville antique
au passé brillant, il ne reste que peu de vestiges
et il faut obtenir une autorisation des autorités
militaires. On ne manquera cependant pas d'admirer
les nombreux bas-reliefs trouvés à Karkemish et
qui sont exposés au Musée des Civilisations
Anatoliennes à Ankara.
De 1800 à 1200 avant notre ère, la préocupation
essentielle des souverains d'Hattuşa
fut de posséder les deux villes clés de leur empire,
Alep et Karkemish qui gardaient les voies d'accès
au Croissant Fertile. Après l'effondrement de
l'Empire Hittite
vers 1200 av. J.C., Karkemish ainsi que les autres
villes hittites du sud-est de l'Anatolie
survécurent en tant que royaumes indépendants
pendant environ 500 ans. Cette période est appelée
néo-hittite. Mais, dévastée de nombreuses
fois par les armées assyriennes qui remontaient
la Vallée de l'Euphrate vers l'Anatolie et la
Méditerranée, la grande cité hittite fut finalement
annexée à l'Assyrie par Sargon II en 717 av. J.C..
La ville antique était entourée par des remparts
intérieurs (correspondant à la partie située actuellement
sur le territoire turc) et extérieurs (partie
située actuellement en Syrie), et la citadelle
dominait l'Euphrate de
40 m de haut.
.
GAZIANTEP
La ville a de très anciennes origines mais se
développa surtout avec les Hittites
et les Assyriens.
Dominée tour à tour par les Perses,
les Grecs,
les Romains, les Byzantins,
les Abbassides, les Seldjoukides
et brièvement par les Croisés,
elle devint finalement ottomane
au XIVe siècle.
La ville, connue sous le nom arabe d'Aintab, pris
le nom turc d'Antep. Alors qu'elle était occupée
par les Britanniques en 1919 et par les Français
en 1921, la ville devint un centre de la résistance.
La Grande Nationale Assemblée
Turque lui conféra le titre de "Gazi"
pour avoir lutté héroiquement et victorieusement
lors de la Guerre d'Indépendance,
et depuis la ville est appelée Gaziantep.
Gaziantep est la sixième grande ville de Turquie.
Elle est reliée par des vols quotidiens à Istanbul
et Ankara.
La ville est réputée pour ses trois spécialités
qui sont le "baklava",
une patisserie feuilletée fourrée aux pistaches,
le "lahmacun", une sorte de pizza
extra fine, et le travail du cuivre.
A
voir dans la ville:
La Forteresse,
aux origines très anciennes, fut restaurée au
VIe par les Byzantins, puis par les Seldjoukides.
Elle joua un rôle important lors de la Guerre
d'Indépendance.
Les vieux quartiers, les
mosquées et les bazars.
Le Musée Ethnographique
Hasan Süzer
est installé dans une demeure ottomane restaurée,
datant de la fin du XIXe siècle.
Le Musée Archéologique:
içi sont exposées les récentes découvertes faites
sur le site de Zeugma
(Belkıs) qui est englouti petit à petit par les
eaux du barrage de Birecik,
situé sur l'Euphrate.
On peut y admirer de superbes mosaiques romaines,
des fresques, des sculptures (et tout ce qui pourra
être sauvé à temps par les archéologues).
Eros et Psyché
Achilles dans l'île de Skyros
Mosaiques du II-IIIe siècle ap. J.C. découvertes à Zeugma dans la maison dite de Poseidon
La région de Gaziantep est le centre de la culture
de la pistache (elle est le plus grand producteur
de la Turquie). Elle est aussi réputée pour la culture
des pimentsrouges, de la vigne,
des olives, du coton et pour la filature
du coton.
Récolte des pistaches
Champ de coton
Cueillette des piments rouges
Séchage des piments rouges
Marchand d'épices
YESEMEK
Yesemek,
qui est un musée en plein-air, se trouve à 23
km de İslahiye dans la province de Gaziantep.
Ce site est le plus grand atelier de sculpture
antiqueà ciel ouvert du Proche Orient
situé à flanc de colline en haut de laquelle se
trouve une carrière de basalte. L'atelier fut
actif entre le XIVe et le XIIe siècle à la période
de l' Empire Hittite
qui prit fin avec l'invasion des "Peuples
de la Mer". Des états hittites indépendants
se constituèrent dans le sud-est de l'Anatolie
dont celui de Sam'al (Zincirlik) dont dépendait
Yesemek. Les ateliers réouvrirent et restèrent
en activité jusqu'à leur anéantissement par l'envahisseur
Assyrien vers 700 av. J.C..
Sur le site qui a été découvert en 1890 et fouillé
entre 1958 et 1961, quelques 300 pierres sculptées,
bas-reliefs et ébauches ont été mises au jour:
on notera en particulier "l'homme ours",
des sphinxes, des lions, des divinités, des chariots....