Le
Lac de Çamiçi est aussi dénommé le
lac de Bafa. Ce lac très poissonneux
se situe au sud de la plaine du Grand Méandre,
face à l’antique Mont Latmos (Montagnes de
Besparmak). A l’origine, cet endroit était
un golfe de la Mer Egée qui a été comblé par
les alluvions du Méandre,
et qui est devenu un lac d’eau douce.
Dans le vieux village de Kapikiri,
situé sur la rive nord-est du lac, se trouvent
les ruines éparses d’Heraclée du Latmos.
La cité antique était un port construit par
les Ioniens au
fond du Golfe du Latmos. Après avoir pris
part, avec Milet
et d’autres villes, à la révolte
ionienne contre les Perses, au Ive siècle
av. J.C., Héraclée passa
sous la domination du souverain de la Carie,
Mausole, qui
transforma son nom en Héraclée du Latmos afin
de la différencier des autres villes du même nom.
Prise par Alexandre
le Grand, la cité fut entourée par une enceinte
de 6,5 km de long qui comprenait 65 tours.
Les ruines d'Heraclée sont éparpillées
autour de ce charmant village
Durant
cette période, la ville développa son commerce
maritime. Cependant, vers la fin du Ier siècle
ap. J.C., le déclin s’amorça avec l’ envasement
du golfe. Le christianisme
se répandit tôt dans cette région sauvage, et
des moines anachorètes s’installèrent dans les
grottes de la montagne. Des monastères byzantins
furent construits sur la rive et sur les petites
îles du lac. Les ruines de l'un d’entre eux s’élèvent
sur l’île en face du village.
Parmi les ruines hellénistiques de la cité construite
sur un plan hippodamien,
se trouvent le Temple
in antis d’Athéna, le Théâtre,
le Bouleuterion,
l’Agora,, l’
enceinte et le Sanctuaire d’ Endymion.
C’est sur le Mont Latmos que Séléné,
déesse de la Lune et soeur jumelle d’Hélios (le
Soleil) et d’Eos (l’Aurore), fit la rencontre
du jeune et beau berger Endymion,
endormi dans une grotte, et qu’elle en tomba follement
amoureuse. Séléné commença à lui rendre visite
chaque nuit, et Endymion rêvait à chaque fois
qu’il étreignait une belle créature au milieu
de verts pâturages... Comme les dieux et déesses
grecques ne vieillissaient et ne mouraient jamais,
Séléné demanda à Zeus d’accorder la jeunesse et
la vie éternelles à Endymion, afin de pouvoir
l’aimer pour toujours, et pour qu’il puisse vivre
dans le bonheur éternel de ses rêves. De cette
étrange histoire d’amour, Séléné donna naissance
à cinquante filles !!!
MILAS
Milas, la deuxième grande ville de la province
de Mugla, est réputée pour
les tapis
qui sont tissés à la main dans les villages
alentours (Karacahisar, Gereme...). Le tissage
du tapis est une tradition dans la région
depuis le XVIIIe siècle.
A Milas les anciennes maisons turques traditionnelles
en bois sculpté, aux fenêtres treillissées
et aux petites cours intérieures, ainsi
que les « maisons hongroises » dénotant
une influence européenne et construites
dans les premières années de la République,
sont de beaux exemples de l'architecture
locale.
L'antique
Mylasa devint la capitale de
la Carie sous
la domination perse
au VIe siècle av. J.C.. La ville, qui prit part
à la révolte ionienne
et aux Guerres Médiques
au Ve siècle av. J.C., joignit la Ligue Maritime
Attique-Délos en 446 av. J.C.. Mylasa fut prise
par Alexandre
le Grand qui mit Ada,
la reine de Carie,
à la tête de l'administration de la région. Après
143 av. J.C., Mylasa devint le siège du tribunal
présidé par les gouverneurs romains, et fit partie
de la Province Romaine d'Asie lorsque Attale III
légua le Royaume
de Pergame à Rome.
Durant la période
byzantine, Mylasa devint un évêché.
Suite à la bataille de Manzikert en 1070, les
Turcs Seldjoukides
progressèrent sur une grande partie de l'Anatolie.
Lors de leur déclin à partir de 1284, la
région fut dominée par Mentese Bey qui instaura
l'Emirat de Menteseo?ullari avec Milas pour capitale.
La capitale fut cependant transférée sur les hauteurs
de Beçin pour des raisons défensives. In
1392 Milas passa sous domination ottomane.
Avec la proclamation de la République,
la ville prit le statut de district de la Province
de Mugla.
Les principales curiosités de Milas sont:
Le
Mausolée de Gümüskesen, situé à
l'ouest de la ville, pourrait-être une petite
réplique du célèbre Mausolée
d'Halicarnasse qui était l'une des Sept
Merveilles du Monde. Le Mausolée semble
avoir été construit au IIe siècle ap. J.C.,
mais son propriétaire n’a pas été identifié.
Sa toiture pyramidale est supportée par
des piliers et colonnes à chapiteaux corinthiens
et dont le fût est cannelé.
La
Porte Baltali, ou Porte à la Hâche,
tire son nom du relief à la double hâche
sur la clef de voûte de l’arche. Cette porte
était partie intégrante de
l'aqueduc qui alimentait la ville en eau.
On ne sait pas si elle faisait également
partie des remparts, car aucune trace n'en
a été retrouvée, ou
si elle avait été élevée
par la ville en l'honneur d'un empereur.
Cependant, d'après les yeux qui sont
gravés sur la double hâche
(le symbole de Zeus Labrandos), il semblerait
que la porte ait eu une signification symbolique
de culte, car les yeux regardent en direction
de Labranda (voir plus bas) comme si le
dieu devait surveiller la voie sacrée
et protéger les gens se rendant au
festival qui avait lieu chaque année
à Labranda. Les chapiteaux des piliers
sont décorés de cannelures et de palmettes,
rappelant ainsi les chapiteaux du Mausolée
de Gümüskesen,
ce qui prouve que la porte fut érigée
à la même période (IIe
siècle ap. J.C.).
Le
Temple de Zeus Carios, surélevé par un
podium, se trouve sur la colline à l’ouest d’Hisarbasi.
Seule une colonne corinthienne, appelée "uzunyuva"
(le long nid) par la population locale, a survécu.
Le Cimetière
Juif est situé tout près de
Gümüskesen. Ce vieux cimetière
semble avoir été abandonné
dans les années 1950 car toutes les dates
inscrites sur les tombes sont antérieures
à cette période.
Uzunyuva, "le long nid"
Pierres tombales du
Cimetière Juif
La
Mosquée de Kursunlu fut érigée à la demande
de Firuz Bey, un gouverneur Menteseoğullari, en
1394. La mosquée, dont le dôme est recouvert
de plomb (kursunlu), est construite sur un plan
en T renversé et possède un porche particulier.
On admirera le beau travail de la pierre et les
inscriptions calligraphiques de cette mosquée.
Le jardin est entouré par des salles de medrese.
Deux autres mosquées de la même période sont la
Grande Mosquée (Ulu Cami, 1378), et la mosquée
d’Orhan Bey (1330).
Le Caravansérail de Çöllüoglu,
construit en 1720 par les Ottomans, possède deux
étages s’élevant sur un plan rectangulaire. Des
matériaux de construction provenant d’anciens
bâtiments y ont été réutilisés.
Le Musée de Milas expose les
objets provenant des fouilles pratiquées dans
la région.
A Milas a lieu le marché (pazar)
typique et coloré hebdomadaire du mardi. C’est
un des plus importants et des moins chers de la
région.
Beçin
est situé sur une élévation abrupte de 200 m de
haut, à 5 km au sud de Milas sur la route d'Ören.
Des sources historiques variées ont fait référence
à cet endroit, qui a des origines très anciennes,
en tant que Pezona, Bercin et Peçin.
Au XIIIe siècle, les Menteseoğullari firent de
Milas leur capitale puis la transférèrent à Beçin
qui était mieux défendable. Beçin demeura la capitale
durant tout le règne d’Ahmet Gazi. A sa mort,
la région fut conquise par l’Ottoman Bayezit
I.
En plus de la forteresse qui
remonte à la période des Menteseoğullari, se trouve
le medrese, construit par Ahmet
Ghazi en 1375.
Sa tombe, coiffé d'un dôme,
fait face au portail d’entrée. On verra
également les vestiges de bains publics
ainsi que les fondations et l’entrée en
marbre de la Mosquée d’Orhan Bey.
Dans
la région se trouvent plusieurs sites archéologiques
tels que Héraclée du Latmos,
Alinda, Labranda,
Euromos, Iassos
et Bargylia.
L’antique Euromos, située à 12 km au
nord de Milas, était la plus importante cité après
Mylasa. Les ruines sont éparses mais la partie
la plus intéressante se trouve à deux pas de la
route principale : là s’élève le Temple
de Zeus, temple
périptère romain construit au II siècle ap.
J.C., qui compte parmi les temples les mieux préservés
de toute la Turquie. Il s’élevait sur un stylobate
de 14.50 m x 27 m. Seize colonnes sont encore
debout avec leurs beaux chapiteaux
corinthiens. Les trois colonnes sur le côté
sud ainsi que celle à l’angle sud-ouest n’ont
probablement pas été terminées puisqu’elles ne
présentent pas de cannelure. Des dédicaces sont
inscrites sur la plupart des colonnes orientées
vers le nord et l'ouest. Cinq d’entre elles ont
été offertes par le médecin et magistrat Ménécrates
et sa fille, et sept autres par Léon Quintus,
un autre magistrat.
A l’est sur la colline et légèrement au dessus
de la plaine s’élève le théâtre
très en ruine. L’agora,
sur le plat, est entourée par une stoa
dont quelques colonnes sont encore debout. Plus
à l’ouest se trouve une autre stoa. Sur un des
piliers une longue inscription témoigne de l’aide
financière d’un certain Callisthènes à la ville
d’ Euromos et son alliance avec Iassos.
Labranda
est situé dans les montagnes de Çomak à 14 km
au nord-est de Milas. La route qui mène à Labranda
est sinueuse et en très mauvais état à cause des
camions qui font des allées et venues aux carrières
environnantes, et il est donc recommendé de conduire
avec prudence. Il est possible de s’y rendre avec
une voiture ordinaire, cependant une 4x4 (fermée)
peut se révèler plus pratique. N’importe comment,
la grande beauté du site compensera la mauvaise
route.
Aux
VIe et Ve siècle av. J.C., Labranda était
déjà réputée pour son sanctuaire dédié à
Zeus Stradios (Zeus Labraundos), un dieu
vénéré uniquement par les Cariens,
et qui semble avoir été leur dieu de la
guerre, puisqu’il était représenté sur les
pièces de monnaie cariennes muni d’ une
double hâche et d’ une lance. A l’époque,
le temenos (l’aire sacrée du sanctuaire)
était constitué par un temple construit
sur une terrace artificielle. En 497 av.
J.C. l’armée carienne, vaincue par le Perse
Darius I, ensemble avec leurs alliés
miletiens battirent
en retraite par la Voie Sacrée de 8 m de
large (dont les pavés sont encore visibles)
qui reliait Mylasa au sanctuaire, et se
rassemblèrent à Labranda afin de se réorganiser.
Mais, poursuivis par les Perses, lors de
la bataille qui eut lieu autour et dans
le sanctuaire, les Carians furent définitivement
vaincus.
En 355 av. J.C., au cours d’un des festivals
qui avait lieu en l’ honneur de Zeus Labraundos,
Mausole
(377-353 av. J.C.) fut sauvé in extremis
d'une tentative d’assassinat. En signe de
gratitude envers le dieu, il fit agrandir
le sanctuaire et l’ embellit avec des terraces
et des monuments.
Zeus Labrandos
Coin minted in the time of Mausolus
Le
frère de Mausole, Idrieus
(351-344 av. J.C.), continua les travaux
qui furent interrompus à sa mort. Quelques
années plus tard, un terrible incendie mit
fin aux activités du sanctuaire.
Les
ruines d’intérêt majeur sont :
La petite maison dorique
située à l’est du propylon sud (grand portail
d’ entrée). Durant la période
romaine, ce bâtiment fut annexé au complexe
des thermes.
L’escalier monumental qui
donne accès à la terrasse centrale.
Les deux salles de banquets appelées « Androne
» : l’Androne de Mausole
(Androne B) avec une cella carrée et une
grande niche rectangulaire, resemble à un
temple. L’Androne d’Idrieos
(Androne A) est le monument le mieux conservé
du temenos. Il sont tous deux construits
sur le même plan.
Le Temple de Zeus est situé
sur la terrasse supérieure. Il fut construit
en deux phases au IVe siècle av. J.C.. La
deuxième phase le transforma en un temple
périptère d’ordre
ionique: une rangée de colonnes, 6 devant
et 8 sur les côtés, ainsi qu’un opisthodome
furent ajoutés à la cella.
Une inscription nous informe que le temple
fut sanctifié par Idrios.
Les Oikoi sont deux salles
rectangulaires situées derrière le porche
aux 4 colonnes doriques
entre les Andrones. Elles devaient être
utilisées comme salles d’ archives.
La tombe rupestre, située
dans les hauts du temple, comporte deux
pièces voûtées.
A 200 m à l’ouest du sanctuaire se trouve
le stade de 176 m de long
dont l’arrière est renforçé par un mur de
soutènement. Les pierres qui délimitaient
le départ et l’arrivée des courses sont
encore visibles. Il semble que des compétitions
sportives étaient organisées dans le stade
pendant les festivals qui duraient cinq
jours.
Ce sphinx barbu est l'une des acrotères qui
ornaient le fronton de l'Androne de Mausole
(Château St Pierre - Bodrum)
Iassos est située à 28 km
à l’ouest de Milas dans le village de Kiyikislacik.
Des habitations de type minoen et de la poterie
mycénienne mises au jour durant les fouilles
ont révèlé que des implantations existaient
depuis longtemps déjà avant que des colons venus
d’Argos ne fondent Iassos au IXe siècle av.
J.C. Plus tard, Iassos fut peuplée par des émigrants
venus de Milet. A
l’origine, Iassos était située sur une île qui,
avec l'envasement de l’isthme, devint une péninsule.
La pêche joua un grand rôle dans la vie de la
population locale qui, semble-t-il, était aussi
très attachée aux dauphins. Une histoire raconte
qu’un jeune garçon avait l’habitude d’aller
nager avec un dauphin qui l'entraînait
au large puis le ramenait sur la rive. D’après
Pline, Alexandre
le Grand, charmé par cette histoire, emmena
le jeune avec lui et le fit prête de Poséidon,
le dieu de la mer. Certaines des pièces de monnaie
découvertes à Iassos, représentent une jeune
garçon, nageant à côté d’un dauphin, un bras
passé autour de lui. Les divinités majeures
vénérées à Iassos étaient Artémis Astias (une
ancienne déesse carienne fusionnée avec Artémis)
et Apollon, cependant Dionysos
était aussi tenu en haute considération : le
théâtre lui
était dédié et un festival avait lieu en son
honneur.
Les bâtiments majeurs de la ville antique se
trouvent sur la péninsule et sont constitué
par :
Le porche qui donne accès à
l’agora.
Les stoas
autour de l’agora remontent à l’époque romaine
(130 av. J.C.).
Le bouleutérion
avec, à l’angle est, un bâtiment rectangulaire
orné de colonnes appelé Césaréon.
Le Temple d’Artémis Astias
qui est situé à l’angle sud-ouest de l’agora.
Le théâtre
hellénistique qui a été transformé
à la période romaine.
La tour médiévale, située en
haut de l’acropole, possède des murs de 2 m
d’épaisseur. A l’intérieur se trouve une citerne.
Le port qui s’étend entre la
péninsule et le continent. Des deux tours
construites au Moyen – Age à l’entrée
du port, une seule a subsisté. Une chaîne était
tendues entre les tours afin de contrôler l'entrée
du port.
En plus des murs d’enceinte
entourant la ville, d’autres murs, long d’environ
3,5 km, s’étendent au nord-ouest de la ville.
Les aqueducs, la nécropole et le bâtiment appelé
Marché au Poissons (Musée à ciel
ouvert du Marché au Poissons), sont
situés à l’extérieur des murs.
A l’ouest de la nécropole romaine
se trouvent des tombes en forme de maison et
des tombeaux rupestres. La tombe la plus célèbre
est un mausolée corinthien situé dans le Marché
aux Poissons.
BODRUM
D'après le grand voyageur-historien-philosophe
Herodote*, l'antique Halicarnasse
fut fondée en Carie
par des colons doriens qui se mêlèrent à la population
locale dès Lélèges et des Cariens. Avec Cnide,
Cos sur l'île du même nom, Camiros, Lalysos et
Lindos sur l'île de Rhodes, Halicarnasse fit partie
de la Confédération Dorienne. Au milieu
du VIe siècle av. J.C., la cité tomba sous la
domination des Perses
mais fut gouvernée par des tyrans natifs de la
région installés à Mylasa,
le premier étant Lygdamos. Sa fille, la reine
Artémise I, prit part aux côtés de Xerxès
à l'expédition contre la Grèce, mais, vaincus
à la bataille navale de Salamine (480 av. J.C.)
Halicarnasse passa sous la domination d'Athènes.
En 386 av. J.C, suite à un traité de paix, Halicarnasse
repassa sous contrôle Perse et fut administrée
par une ancienne dynastie carienne vivant à Mylasa.
Hecatomanos, qui gouvernait sous le titre persan
de satrape, avait trois
fils, Mausole, Idrieos et Pixodaros, et deux filles,
Artemise II et Ada. Après la mort de son père
en 377 av. J.C., Mausole tranféra la capitale
carienne à Halicarnasse. Lorsque le Satrape Mausole
devint si puissant qu'il reprit le titre de roi,
parvenant à une certaine indépendance, la ville
jouissait d'une grande prospérité. Après sa mort,
en 353 av.J.C., sa soeur et épouse Artémise II,
célèbre pour sa victoire navale sur les Rhodiens,
fit ériger un monument à la mémoire de son époux,
le Mausolée qui fut l'une des Sept Merveilles
du Monde. A la mort d'Idrieos, sa soeur et
épouse Ada gouverna jusqu'à ce
que Pixodaros, fidèle allié des Perses, l'envoie
en exil à Alinda. En 334 av. J.C., lorsqu'Alexandre
le Grand prit Halicarnasse, aidé par Ada,
cette dernière remonta sur le trône. Halicarnasse
et la Carie furent successivement incorporées
à l'Empire Romain,
Byzantin,
Seldjoukide,
à l'Emirat des Turcs Mentese puis à l'Empire
Ottoman sous Bayezit Ier. En 1404 Halicarnasse,
désormais appelée du nom Turc Bodrum, fut prise
par les Chevaliers de Rhodes qui construisirent
le Château Saint Pierre. En 1523 Soliman
le Magnifique chassa les chevaliers de Bodrum
et plus tard de Rhodes.
* Hérodote (environ 490/485 - 425/420 av.
J.C.), après avoir pris part à la révolte contre
le tyrant au pouvoir Lygdamis, fut contraint de
quitter sa ville natale d'Halicarnasse (vers 457
av. J.C.) pour l'île de Samos. De là, il entreprit
des voyages en Egypte, Lybie, Phénicie, Babylone,
Asie Mineure, Scythie et Colchide (région de la
Mer Noire), Sparte, Athènes, et la colonie athénienne
de Thourioi au sud de l'Italie, où il passa probablement
le reste de sa vie. Hérodote, connu comme le Père
de l'Histoire, écrivit les « Histoires », publiées
entre 430 et 424 av. J.C. et plus tard divisées
en neuf livres qui reçurent chacun le nom
d'une des neuf Muses. Les Histoires qui décrivent
l'expansion de l'Empire
Perse Achéménide ainsi que les Guerres Médiques
qui se conclurent par les victoires grecques,
donnent des informations ethnographiques et ethnologiques
d'un grand intérêt.
Bodrum,
qui est devenue une zone historique préservée, a
une architecture spéciale : les maisons sont généralement
blanchies à la chaux et ne doivent pas excèder deux
étages afin de s’harmoniser avec l’environnement
traditionel. De nos jours, Bodrum est une station
balnéaire très en vogue. C'est un point de départ
pour des croisières dans le golfe de Gökova,
et pour la découverte des innombrables et très belles
baies de la péninsule. Une balade en voiture permet
également de visiter la région et de découvrir ses
vieux moulins abandonnés s’élevant sur la crête
des collines, et ses villages en bord de mer : Gümüslük,
Gündogan, Gölköy, Türkbükü
et leurs sympathiques tavernes et restaurants de
poissons, Yalikavak avec ses rues typiques...
Lorsque
Cevat Sakir Kabaagaçli, le fils d’un diplomate ottoman
diplômé d’Oxford fut exilé à Bodrum en 1924 pour
une durée de trois ans (en fait réduite à un an
et demi) à cause de ses écrits anti-guerre, il tomba
amoureux de l’endroit et décida d’y passer la plus
grande partie du restant de ses jours. Bodrum était
alors un endroit simple et isolé où la population
vivait de la pêche et de la pêche à l’éponge. Sous
le nom de "Pêcheur d’Halicarnasse",
utilisant une langue poétique dans ses nombreux
romans, histoires et articles qui reflètent sa grande
culture, il écrivit sur les Civilisations Anatoliennes,
sur la beauté et la richesse de l’ouest de l’Anatolie,
sur l’humanisme de la population égéenne. Il introduisit
de nouvelles techniques de pêche, planta des arbres
et travailla beaucoup à embellir et faire connaître
Bodrum. Au début des années 1960, un groupe d’intellectuels
d’Istanbul, à la recherche d’ extase esthétique
et de purification spirituelle, commencèrent à lui
rendre visite à Bodrum. Il les initia à la navigation
en "Croisière Bleue"sur
des bateaux simples où ils découvrirent la beauté
de la nature et la richesse historique du sud-ouest
égéen. Plus tard, ils commencèrent à séjourner dans
les maisons des pêcheurs, payant pour leur chambre
avec pension. La mode fut ainsi lancée et la classe
moyenne turque adopta à son tour Bodrum comme lieu
de villégiature. Bodrum devint rapidement
le principal havre de vacances de l’ouest de la
Turquie.
"Croisière Bleue" à bord d'une "gulet" ou goélette, un bateau traditionnel en bois à deux mâts
Le Château Saint Pierre est un
beau spécimen de l'architecture franque
en Orient. Les matériaux de construction
proviennent en partie des ruines du Mausolée
(les grosses pierres de couleur verdâtre).
Sur les remparts et aux dessus des portes
se trouvent de nombreux écussons où sont
représentés les armes de l’Ordre des Hospitaliers,
des Grands Maîtres (comme Pierre d’Aubusson,
Emery d’Amboise), des commandants de la
place. Le château possède cinq tours,
chacune étant appelée par la nationalité
des chevaliers : la Tour Anglaise, la
Tour Française, la Tour Allemande, la
Tour Italienne et la Tour Espagnole. Dans
les douves intérieures se trouvent les
Tours Caretto et Gatineau. Entre 1513
et 1522 la Tour Gatineau fut utilisée
comme donjon et salle de torture. Des
personnages importants furent emprisonnés
içi. L’un d’entre eux était Oruç Reis,
le frère aîné du célèbre Grand Amiral
Barbaros
Hayrettin Pacha. Durant la traversée
de retour suivant la victoire de Trablussam,
il fut attaqué par les Chevaliers. Son
frère Ilyas fut tué au cours de la bataille
et Oruç Reis fut blessé et fait prisonnier.
Il resta en captivité de 1503 à 1506,
passant la première année de son emprisonnement
dans le donjon du château où il fut torturé.
Les Chevaliers le transférèrent plus tard
à Rhodes. Lorsque finalement les Chevaliers
se rendirent le 20 décembre 1522 et que
le château fut livré le 5 janvier 1523,
les Turcs firent recouvrirent la salle
de torture sous un mur de 3m d’épaisseur
afin d’en effacer la trace. Le bain
turc, qui est la seule construction
faite par les Turcs à l’intérieur du château,
se trouve au sud de la chapelle gothique.
Armoiries des Chevaliers de l'Ordre de St Jean
et drapeaux et pavillons ottomans
La Baie deBodrum s'ouvre sur le Golfe de Gökova
À l'intérieur du château se trouve un musée
comprenant, entre autres, une très intéressante
section sur l’Archéologie Sous-Marine
où sont exposées les trouvailles provenant d’épaves
historiques (épaves, objets en verre et
de nombreuses amphores de d'origine variée).
La plus ancienne épave est l'Epave d'Uluburun
qui remonte au au XIVe siècle av. J.C.
(photo de gauche). Lorsque le navire coula, il
transportait vingt tonnes de matières premières
telles que des lingots de cuivre, du fer et du
verre, de l'ébène, des amphores
remplies de résine, des coquilles d'oeufs
d'autruche, de la nourriture, des épices
et des objets de valeur dignes d'un souverain...
LaSalle de la Princesse
Carienne: en 1989 une chambre
funéraire fut découverte par hasard
près de la nécropole antique. Les fouilles
révélèrent un sarcophage intact contenant
le squelette bien préservé d'une femme,
entouré de bijoux et d'ornements (ainsi
que les ossements d’une souris prise
au piège dans la tombe). Une reconstitution
soignée de la tête de la défunte fut
faite par le Département de Science
médico-légale de l'Université de Médecine
de Manchester en collaboration avec
le Musée de l’Université de Manchester.
L’âge de la mort est évalué approximativement
à 44 ans. Les ossements ont été daté
à 360-325 av. J.C.. Il est très probable
que cette femme soit Ada,
la dernière souveraine de Carie de la
dynastie desHecatomanos, et soeur de
Mausole. La Princesse Carienne est représentée
dans une salle de banquet, similaire
à l’Andron de Mausole à Labranda,
accueillant des invités, vêtue d’une
robe ample parée d’ornements en or.
Du vin est servi dans une jarre (oinochoe).
A droite de la salle se trouve la tombe
avec le squelette d’Ada (ainsi que les
ossements de la souris). L'inscription
au dessus de la tombe dit "repose
en paix". De l'encens brûle à la
tête de la tombe qui est gardée par
des anguilles sacrées aux boucles d’oreilles
en or.
Le Mausolée, la tombe du roi Mausole, est
à l’origne des monuments funéraires de grandes
dimensions et d’architecture somptueuse. Le
Mausolée mesurait environ 40 m de long, 30 m
de large et 45 m de haut. Il était constitué
par une imposante base à degrés et d’une chambre
funéraire sur laquelle s’élevaient 36 colonnes
ioniques. Elles étaient surmontées par un toit
pyramidal couronné par un quadrige de marbre
conduit par Mausole et Artémise, oeuvre du sculpteur
Phyteos qui, avec l’architecte Satyros, dressa
les plan de ce monument. La base était parée
d’une frise éxécutée par quatre célèbres sculpteurs
qui travaillèrent chacun sur un des côtés: Scopas,
Bryaxis, Thimothéos et Léocharès. Les auteurs
classiques furent très impressionnés par ces
sculptures. Le Mausolée domina la ville au moins
jusqu’au XIIe siècle. Ayant été détruit par
une série de tremblements de terre, au début
du XVe siècle les Chevaliers de Rhodes remployèrent
ses pierres qui jonchaient le sol, pour la construction
du château. Dans les années 1850 Charles Newton
découvrit le site du Mausolée avec les vestiges
des marches et de la chambre funéraire. Les
fragments de la frise ainsi que les statues
de Mausole et d’Artémise qu’il trouva, furent
envoyés au British Museum à Londres. En 1966
une équipe danoise entreprit des fouilles et
des études modernes du site. Aujourd’hui, une
grande dépression indique la position du Mausolée.
Les marches principales sur le côté ouest de
la dépression mènent à la tombe de Mausole.
On peut voir également l’énorme bloc de pierre
grise (andésite) qui en bloquait l’entrée.
Vue d'ensemble du site du Mausolée et de la chambre funéraire de Mausole (en bas)
Reconstruction du Mausolée
Le
Théâtre est situé sur la colline
dominant Bodrum. Construit à la période
de Mausole, il est l'un des rares théâtres
pré-hellénistiques d'Asie Mineure
et donc l'un des plus anciens. Il avait
une capacité d'environ 13 000 spectateurs.
La
Porte de Myndos est située à l’ouest
de Bodrum. C'est la seule porte monumentale de
l’antique Halicarnasse qui ait subsisté.
Elle faisait
partie des remparts de la ville, longs de 7km,
construits par Mausole au IVe siècle av.
J.C... La porte, construite avec des blocs d'andésite,
porte le nom de Myndos car elle fait face à l’ancien
port de Myndos (aujourd’hui Gümüslük).
La
Coupe Internationale de Voile de Bodrum a lieu
chaque année en octobre.
Bodrum est dotée d'un aéroport de lignes intérieures
et internationales. Des bateaux relient Bodrum
à Datça et des hydroglisseurs relient Bodrum à
Marmaris, ainsi qu'aux îles grecques de Kos et
de Rhodes.