L'Age du Fer (1200 av. J.C. - 600 av. J.C.)
XIe - Xe siècle av. J.C. Les migrations Achéennes
: la célèbre Guerre de Troie, chantée par
Homère, marque l'apogée des expéditions maritimes
des Achéens (Grecs) en Mer Egée. Suite à la destruction
du Royaume de Troie et à
l'anéantissement de l'Empire
Hittite, les peuples anatoliens ne sont plus
en état de résister à l'expansion et à la colonisation
grecque qui s'est étendue à partir des
rivages de la Mer Egée. Vers 1100 av. J.C., les
Achéens, refoulés par les Doriens
qui ont envahi la Thessalie, le Péloponèse, la Crète
et les Cyclades, sont contraints à fuir et s’installent
sur la côte égéenne de l’ Asie Mineure. La colonisation
débute avec les Eoliens, surtout
agriculteurs, qui s'installent au nord de la région
égéenne fondant des cités parmi lesquelles Lesbos,
Pitane, Elea, Gryneion, Kyme, Aigai, Larisa, Smyrne.
Une nouvelle vague, les Ioniens
et les Achéens, s'installent dans
le centre de la région égéenne qui devient le refuge
des lettres et des arts que les guerriers Doriens
ont bannis de la péninsule grecque. Puis ces mêmes
Doriens arrivent, pourchassant
ceux qu’ ils viennent d’ expulser, et s'installent
dans le sud de la région égéenne fondant Cnide et
Halicarnasse, Lindos Lalysos et Camiros à Rhodes,
lîle de Cos.
Ils
fondent trois confédérations dont la plus
importante est, à partir du VIIIe siècle
av. J.C., la Confédération Ionienne
avec ses douze illustres cités : Milet,
Myus, Priène,
Ephèse, Colophon,
Lebedos, Teos,
Clazomène, Phocée,
Samos, Chios et Erythrée (Smyrne
rallia la confédération beaucoup plus tard
lorsqu’ elle fut occupée par les habitants
de Colophon) appelées à jouer un grand rôle
au cours du premier millénaire. Au pied
du Mont Mycale se trouve le Panionion,
un lieu de rassemblement où se tiend le
conseil des cités de la Confédération Ionienne
et où se déroule leur grande fête annuelle
(à la fin de l’ été) appelée Panionia, dans
le sanctuaire dédié à Poséidon Heliconios.
Afin d’ améliorer leurs cités, les membres
y discutent politique, affaires, commerce,
développement de l’ agriculture, art, science
etc... et y exposent leurs problèmes, essayant
de trouver des solutions appropriées.
L’ influence commerciale et culturelle de
ces cités s'étend à toute l'Anatolie où
elles fondent de nouveaux comptoirs.
L'art et la culture
qui se sont développés dans ces villes doivent
beaucoup de leur originalité à leur longue
fréquentation des cultures phrygienne, lydienne,
lycienne et carienne. Avec l'apport de nombreux
contacts assyriens, hittites, ourartéens,
babyloniens, syriens, araméens, phéniciens
et égyptiens, les villes d'Ionie non seulement
créent toute une littérature poétique et
un art unique, mais posent aussi les fondements
des sciences exactes avec la création du
positivisme et de la recherche basée sur
l'observation objective de la nature. Ces
activités scientifiques feront passer, à
partir du VIe siècle av. J.C., la direction
culturelle du Proche-orient aux villes Ioniennes
d'Anatolie.
Ephèse – Figurine
en or d’une femme,
VIIe siècle av. J.C.
En
architecture, alors
que la fin du VIIe siècle a déjà connu le
développement du style éolien, la première
moitié du VIe siècle av. J.C. voit la naissance
de l’art ionien. Les proportions élancées
et l’élégance de l’ ordre ionique ont été
symbolisées dans une des plus belles réalisations
de l’époque qu’était l’ Artémision,
sanctuaire monumental d’Ephèse.
900
- 600 av. J.C. - Le Royaume d'Ourartou
s'établit en Anatolie de l'est, autour du
Lac de Van avec Tushpa pour capitale. Les
Ourartéens, peuple d'origine asiatique descendant
des Hourrites,
sont des pasteurs et des agriculteurs qui
parviennent à un haut niveau de confort, de
culture et de civilisation. Ils utilisent
savamment les reliefs pour édifier leurs forteresses,
leurs palais et leurs temples protégés par
un appareil cyclopéen de hautes murailles.
Ils creusent d'énormes canaux d'irrigation
dont la technique est très réputée. Métallurgistes
renommés, ils créent des objets en bronze
d'une grande finesse, en particulier des chaudrons
de bronze ornés de têtes d'hommes ou de taureaux,
qu'ils exportent dans tout le bassin méditerranéen.
Ils se heurtent aux Assyriens alors qu'ils
veulent étendre leur domination vers le sud-est
de l'Anatolie et la Syrie du nord, en quête
de nouvelles matières premières. En 590 le
royaume est démantelé par les Mèdes.
Statuette en bronze,
fin VIIIe siècle av. J.C.
800 - 696 av. J.C. Le Royaume de Phrygie
: les Phrygiens, d'origine Thrace, firent
partie des "Peuples
de la mer" qui furent responsables
de la destruction finale de l'Empire Hittite.
Ils s'installèrent sur les ruines des villes
hittites mais les premières traces archéologiques
de leur civilisation n'apparaissent cependant
qu'au milieu du VIIIe siècle av. J.C. lorsque
Gordion,
la première capitale de ce royaume éphémère
mais très puissant, fut fondée. La Phrygie
était réputée pour son roi légendaire, Midas
aux oreilles d'ânes, qui avait le pouvoir
de changer tout ce qu'il touchait en or, et
pour le fameux noeud du roi Gordias qui fut
tranché par Alexandre
le Grand. Les Phrygiens excellaient dans
le travail des métaux, le tissage, le travail
du bois et de la marqueterie. En 696, Gordion
fut détruite par les Cimmériens. Après cette
invasion, les Phrygiens connurent un second
âge d'or qui se manifesta particulièrement
dans d'autres centres situés entre Afyon
et Eskişehir
(reliefs rupestres monumentaux de Midasşehir/Yazılıkaya).
La Phrygie passa sous la domination des Lydiens
puis des Perses
et c'est alors qu'elle déclina considérablement.
A la période
hellénistique, elle passa aux mains d'Antigonos,
de Lysimaque, des Séleucides, des Galates,
de Pergame et finit par être annexée à la
Province Romaine d'Asie.
Gordion - Tête de bêlier,
VIIIe siècle av. JC.
700 - 546 av: J. C. Le Royaume de Lydie:
la Lydie est un état prospère, qui,
à partir du règne de Gygès (687-652),
a rapidement acquis une grande puissance
politique (les cités grecques d'Ionie
sont sous son protectorat). Sa capitale
est Sardes où
coule la rivière Pactole (Sart
Çayı) qui charrie de petites pépites composées
d'un alliage naturel d'or et d'argent,
l'electrum. Economiquement très développés
(ils étaient commerçants et banquiers),
les Lydiens sont les inventeurs de la
monnaie avec l'émission de pièces d'électrum
durant le règne du roi Ardys (652-615).
Vers le milieu du VIIe siècle la Lydie
est à son tour ravagée par les Cimmériens
mais elle réussit à surmonter cette grave
crise : sous l'impulsion de son plus célèbre
et légendaire souverain Crésus
(560-546), elle devient la principale
puissance de l'Asie Mineure durant la
première moitié du VIe siècle. La technique
de la monnaie est améliorée grâce à la
séparation des métaux, et ainsi un nouveau
système monétaire de pièces d'or et de
pièces d'argent est créé. Ayant cependant
trop présumé de ses forces et de sa richesse,
Crésus, le dernier roi de Lydie, est finalement
vaincu en 546 par le Perse Cyrus
lancé à la conquête de l'Asie Mineure.
Pièce d'electrum sous le roi Ardys
Pièce d'or sous le roi Crésus
Pièce d'argent sous le roi Crésus
Les Cariens, dont les origines
sont encore mal connues, occupent la Carie, une
région de montagnes et de vallées, pauvre en agriculture
et autres ressources, et située entre Milet
et Halicarnasse.
Ce peuple rude et fruste entre dans l'histoire
au VIIe siècle av. J. C. en tant que mercenaires
au service des Pharaons égyptiens, des Ioniens
et plus tard des Perses
lorsque ceux-ci les assujetissent à partir de
544 - 543 av. J.C. Grâce à cela les Cariens gardent
une certaine indépendance malgré qu'ils se soient
joints à la révolte des Ioniens contre les Perses
après 499 av. J.C. et qu'ils aient été soumis
par les Athéniens de 466 à 412 av. J.C.. A partir
du IVe siècle av. J.C., des satrapes qui les dirigent,
on retiendra Mausole (377 - 353
av. J.C.), qui bien qu'il ait pris part à la "
révolte des " satrapes
" et qu'une garnison Perse soit postée à
Halicarnasse, réussit habilement à faire de la
Carie une puissance indépendante et à se faire
appeler roi. Il fait reconstruire Halicarnasse
célèbre par son Mausolée, qui
était une des Sept Merveilles du Monde
Antique.
Les Lyciens vivaient en Lycie,
une région s’étendant depuis la rivière de Dalaman
à l’ouest jusqu’aux abords d’Antalya à l’est,
et peuvent être considérés comme un des premiers
peuples Anatoliens, et les premiers à avoir
vécu sans interruption dans la région méditerranéenne.
La région fut habitée dès le IIIe millénaire
av. J.C., mais les Lyciens qui se donnèrent
le nom de “Termilae” nous sont connus par des
sources hittites
qui les appelaient les “Lukkas” qui parlaient
la langue lucienne. Lors de la bataille de Kadesh,
les Lyciens s’allièrent aux Hittites contre
les Egyptiens. L’Iliade nous dit que durant
la Guerre de Troie, le
roi lycien Sarpedon vint à l’aide de Troie.
Le fait de vivre dans une région côtière montagneuse
rendit les Lyciens, qui étaient aussi d’excellents
navigateurs, très attachés à leur liberté et
leur indépendance. Durant la conquête
perse, les Lyciens, et en particulier les
habitants de Xanthos,
préférèrent le suicide collectif plutôt que
d’être capturés. Les Perses, qui ne réussirent
pas à établir un contrôle totale sur les Lyciens
(La révolte du souverain de Lymira,
Périclès), manoeuvrèrent pour les faire passer
sous la souveraineté du Carien Mausole. En 333
av. J.C., Alexandre
le Grand ne rencontra qu’une faible résistance
de la part des Lyciens qui le considérèrent
comme un sauveur. Mais en réalité les Lyciens
perdirent leur liberté, passant successivement
sous la loi des diadoques
Antigonos, Lysimaque, des Ptolémées qui leur
imposèrent le grec comme langue officielle,
et des Séleucides avant leur défaite par les
Romains. La Lycie,
qui avait était donnée aux rhodiens qui avaient
soutenus Rome, refusèrent ce nouveau joug et
obtinrent finallement leur indépendance en 167
av. J.C.. La Ligue Lycienne,
avec Patara
comme capitale, fut instaurée avec des principes
démocratiques. Un “lyciarque” était élu par
un parlement qui se réunissait chaque automne
dans une ville différente. La ligue continua
de fonctionner après que la Lycie fut devenue
province romaine en 46 ap. J.C.. En 141 et en
240, la région prospère fut ébranlée par un
tremblement de terre, et à la fois Rome et de
riches habitants locaux contribuèrent aux réparations
et aux reconstructions. La chrétienté
se propagea relativement tôt. De nombreuses
villes lyciennes devinrent des évêchés avec
Myra pour
métropole. Saint Nicolas fut le chrétien lycien
le plus célèbre.
A partir du VIIIe siècle, ces cités
disparurent les unes après les autres
suite aux invasions arabes.
Les meilleurs témoignages de la culture
lycienne sont les innombrables tombes
qui ont survécu. L’architecture funéraire
lycienne de la période classique (V-IVe
siècle av. J.C.) possède des caractéristiques
uniques: les Lyciens, qui étaient d’habiles
menuisiers, firent de leurs tombes des
copies en pierre avec les formes, les
techniques de constructions et la décoration
de leurs maisons en bois.