L'EMPIRE OTTOMAN

Les Sultans Ottomans



· 1299-1326 : Osman Ier
· 1326-1359 : Orhan Ier
· 1359-1389 : Murat Ier
· 1389-1402 : Bayezit Ier
· 1403-1421 : Mehmet Ier
· 1421-1451 : Murat II
· 1451-1481 : Mehmet II
   le Conquérant
· 1481-1512 : Bayezit II
· 1512-1520 : Selim Ier
· 1520-1566 : Süleyman Ier
  
dit le Magnifique
· 1566-1574 : Selim II
· 1574-1595 : Murat III
· 1595-1603 : Mehmet III
· 1603-1617 : Ahmet Ier
· 1617-1618 : Mustafa Ier
· 1618-1622 : Osman II
· 1622-1623 : Mustafa Ier
· 1623-1640 : Murat IV
· 1640-1648 : Ibrahim Ier

Tu?ra de Mahmut II


Armoiries de la Maison des Ottomans


· 1648-1687 : Mehmet IV
· 1687-1691 : Süleyman II
· 1691-1695 : Ahmet II
· 1695-1703 : Mustafa II
· 1703-1730 : Ahmet III
· 1730-1754 : Mahmut Ier
· 1754-1757 : Osman III
· 1757-1774 : Mustafa III
· 1774-1789 : Abdülhamit Ier
· 1789-1807 : Selim III
· 1807-1808 : Mustafa IV
· 1808-1839 : Mahmut II
· 1839-1861 : Abdülmecit
· 1861-1876 : Abdülaziz

· 1876
· 1876-1909
· 1909-1918
· 1918-1922

: Murat V
: Abdülhamit II
: Mehmet V Re?at
: Mehmet VI
  Vahdettin

 
Naissance de la dynastie ottomane : Vers 1300, lorsque les Mongols se retirent d'Anatolie, ils laissent derrière eux des petits émirats seldjoukides et des tribus menées par des chefs de clans. Ces Turcomans récemment arrivés sont connus comme étant des "gazis" qui signifie "guerriers de la foi". Un de ces chefs est Osman, le fondateur de la dynastie des "Osmanli" (Ottomans). En 1299, Osman proclame son beylik indépendant du Sultanat de Roum, et il jette les bases d'un état gazi dont la principale mission est la conquête militaire. Son successeur, Orhan Ier, qui crée le "Divan" (Conseil), est le premier dirigeant à prendre le titre de sultan depuis qu'il a été laissé vacant avec la disparition du dernier sultan seldjoukide en 1308. Il conquiert Bursa (1326) dont il fait la première capitale ottomane.
Rapidement, les Ottomans entament une expansion vertigineuse de leurs domaines, et commencent l'annexion des beyliks (émirats turcs) qui sera achevée au début du XVIe siècle.

Osman Ier


L'essor de l'Empire  : en 1353 les Ottomans prennent pied pour la première fois en Europe en s'emparant de Gallipoli, bloquant ainsi le Détroit des Dardanelles. En 1365, Andrinople, prise par Murat Ier, devient leur deuxième capitale sous le nom d'Edirne. En 1376, Murat Ier établit le Corps des Janissaires (voir plus bas). En 1389, il s'empare de Sofia puis de la Serbie à la Bataille de Kossovo. Proclamé sultan sur le champ de bataille lorsque son père est tué, Bayezit Ier surnommé Yildirim, "La Foudre", finit la conquête de la Bulgarie et la Serbie. En 1397, il entreprend le premier siège de Constantinople qui est levé en 1400 à cause de l'arrivée de Tamerlan (Timur Lenk), qui a fondé un empire turc à l'est, et qui déferle sur l'Anatolie, essayant de rétablir et s'allier les émirats annexés par les Ottomans. Il capture Bayezit à la bataille d'Ankara en 1402, qui, forcé à suivre son vainqueur, meure (un suicide d'après certaines sources) en captivité à Aksehir. Après huit mois passés en Anatolie, Tamerlan repart à Samarcande (il meurt en 1405 alors qu'il s'apprête à envahir la Chine), laissant derrière lui les fils du sultan qui se livrent à des luttes implacables pour succéder à leur père.

Bayezit proclamé sultan - miniature


Après une période d'interrègne (1403-1413), Mehmet Ier , sorti vainqueur, restaure la puissance ottomane en Anatolie et entretient de bons rapports avec l'Empereur Manuel II. Mais lorsque Murat II succède à son père en 1421, la guerre reprend entre les Turcs et les Byzantins.

Le 29 mai 1453, Mehmet II conquiert Constantinople et la désigne comme la dernière capitale de l'Empire Ottoman. En 1461, les ports de la Mer Noire, en partie contrôlés par les Génois, tombent ainsi que Trébizonde où depuis 1204 se maintenait la dynastie des Comnènes. De plus, Mehmet II étend et consolide les conquêtes de ses prédecesseurs dans les Balkans (Serbie, Bosnie, Herzegovine, Albanie 1456-1467) et prend la Crimée (1475). 


Mehmet II entre dans Constantinople
peinture de Zonaro
 



Le "devsirme" : Murat II et Mehmet II le Conquérant développent le "devsirme" (instauré par Murat Ier), un système de recrutement de jeunes garçons chrétiens qui ont entre huit et dix-sept ans environ, et qui vont être convertis à l'Islam et devoir une allégeance absolue au sultan quelle que soit la position à laquelle ils vont accéder. Amenés devant le sultan, ils sont choisis selon leurs qualités et leur physique. Les plus brillants sont envoyés à l'école du palais où la meilleure éducation possible, dans la haute tradition de l'Islam, leur est donnée. L'élite est destinée aux postes clef de l'Empire qui peuvent mener jusqu'à la position suprême de grand vizir (sadrazam) à la tête du gouvernement et de l'armée. Ceux qui ne sont pas choisis pour l'école du palais reçoivent une éducation plus basique, empreinte de la culture islamique populaire. La plupart d'entre eux sont entraînés pour servir l'armée ottomane, formant le corps d'élite d'infanterie du sultan appelé Corps des Janissaires.




Janis

saries

Mehmet II
 


Les janissaires (en turc "yeniçeri" qui signifie nouveau soldat) composent la première armée ottomane permanente et soldée (1376), remplaçant les guerriers enrôlés, issus de tribus turcomanes, dont la loyauté pouvait parfois être mise en doute. Ils vont devenir un formidable instrument de conquête et de pouvoir pour la dynastie ottomane.
L'entraînement et la vie quotidienne des janissaires sont réglés par une discipline stricte (ils ne peuvent pas se marier, doivent vivre dans leurs casernes), mais en échange de leur loyauté et de leur dévotion, ils obtiennent des privilèges : ils ont un bon niveau de vie et un statut social respecté, ils sont exemptés d'impôts, ils ont droit à une part du butin durant les campagnes militaires, ils perçoivent une pension lorsqu'ils sont retraités où handicapés... Fervents musulmans, ils ont des liens privilégiés avec l'ordre mystique des Derviches Bektasi. Avec le temps, les janissaires deviennent une puissante institution et influencent la politique. L'énorme chaudron utilisé pour cuire le pilaf a une signification symbolique spéciale pour les janissaires qui, lorsqu'ils réclament un changement dans le cabinet du sultan ou la tête d'un Grand Vizir, le retournent (l'expression "retourner le chaudron" est toujours utilisée pour parler d'une rébellion dans les rangs). Ils défendent leurs intérêts, obtenant de meilleures soldes et la levée de l'obligation de célibat. Vers la fin du XVIe siècle, l'importance du "devsirme" diminue après que les Musulmans turcs mâles aient été autorisés à s'enrôler et que les janissaires aient commencé à enrôler leurs propres fils, rendant pour une grande part l'adhésion au corps, héréditaire. Au début du XVIIIe siècle, le système du devsirme est finalement abandonné. A partir du XVIIe siècle, les janissaires n'hésitent pas à déposer, parfois violemment, un sultan et d'en mettre un de leur choix sur le trône. En temps de paix, ils peuvent travailler au maintien de l'ordre ou faire du commerce. Mais le fait de développer une vie sociale et familiale diminue leur efficacité en tant que combattants. Ils se révoltent à chaque tentative de réorganisation et de modernisation de l'armée. Leur dernière insurrection a lieu le 14 juin 1826, mais le lendemain le Sultan Mahmut II abolit leur corps et fait massacrer 6 000 d'entre eux retranchés dans leurs casernes. Les autres sont faits prisonniers ou bannis et leurs biens sont confisqués.


Le règne relativement pacifique de Bayezit II (1481-1512) est marqué par quelques expéditions en Mer Egée contre les ports grecs encore détenus par les Vénitiens (prise de Lepante en 1499, Modon et Coron en 1500). Des bateaux sont envoyés afin d'aider les Musulmans et les Juifs d'Espagne alors inquiétés par les tribunaux de l'Inquisition. Les Musulmans sont acheminés sur les côtes d'Afrique du Nord, ce qui permet aux Ottomans d'y implanter des bases. Les Juifs sont eux acheminés à Istanbul et à Salonique conquise en 1430.

 
Les grandes conquêtes reprennent sous Selim Ier (1512-1520), surnommé "Le Cruel", qui, afin d'assurer sa seule autorité, fait disparaître ses frères. La guerre sainte et la victoire de Çaldiran (1514) sur la dynastie chi'ite des Perses Séfévides arrivés au pouvoir en 1501, permet l'annexion de l'est de l'Anatolie (Arménie, région de Diyarbakir). Selim Ier fait de l'Empire la première puissance islamique, en particulier par sa campagne de 1515-1517 où il écrase les Mamelouks à la Bataille de Merdj Dabiq près d'Alep, s'emparant de la Syrie, de la Palestine. La Bataille de Ridaniyeh entraîne la prise du Caire avec l'annexion de l'Egypte ainsi que du Hidjaz où sont situées la Mecque et Médine, qui sont les deux villes les plus saintes de l'Islam. Ayant acquis le titre de "Protecteur des Lieux Saints", Sélim Ier et ses successeurs se prévaudront de cette position pour ajouter le titre de Calife à celui de sultan.
Selim Ier réussit également à empêcher le Portugal d'établir le monopole du commerce des épices, la flotte portugaise ayant commencé à barrer les routes maritimes par lesquelles se fait le commerce ottoman des épices entre l'Inde, le sud de l'Arabie et l'Egypte.

Selim Ier



Le Caire
L'amiral Piri Reis, grand navigateur et cartographe qui dessine en 1513 les côtes des Amériques découvertes en 1492 par Christophe Colomb, participe à la campagne d'Egypte. Dans son "Traité de la Marine", il donne la description et dessine les côtes de la Méditerranée, le cours du Nil et la ville du Caire.


Chypre

 



Le règne de Süleyman Ier (le plus long de l'Empire Ottoman, de 1520 à 1566 date de sa mort alors qu'il est en campagne en Hongrie), mieux connu sous le nom de Soliman le Magnifique, qui donne à l'Empire son âge d'or. Soliman, qui organise l'état et la société en créant de nombreuses lois, est également appelé "Kanuni", le législateur. Sous son règne, l'Empire est au faîte de sa puissance. Il est alors la première puissance tant en Europe Centrale qu'en Méditerranée et en Orient, et joue le rôle d'arbitre en Europe Occidendale entre Charles Quint et François Ier, avec qui un traité est signé en 1536, accordant des privilèges commerciaux à la France en échange d'une alliance contre les Habsbourgs. Soliman conduit treize campagnes avec les conquêtes de Belgrad (1521), de Rhodes (1522), l'assujetissement d'une grande partie de la Hongrie après la bataille de Mohacs où Buda et Pest sont prises (1526), et le siège infructueux de Vienne (1529). Son duel avec Tahmasb Shah de la dynastie rivale perse des Séfévides, suscite trois grandes campagnes se terminant par la Paix d'Amasya (1555) qui lui assure l'Anatolie Orientale, l'Azerbaidjan, Tabriz et Bagdad. Il établit également la suprématie navale ottomane en Méditerranée avec la prise d'Alger et de Tunis (1535). Barberousse (Khayr al-Din Pacha), un corsaire turc règnant sur Alger, devient Grand Amiral de la flotte turque en 1534 et défait l'armada de Charles Quint à la bataille navale de Preveze (1538). La fin du règne de Soliman est marquée par d'incessants combats avec Charles Quint pour la possession de la Hongrie, et en 1565, par son échec face aux Chevaliers de Malte (comprenant un grand nombre des chevaliers qui ont quitté Rhodes après la victoire du sultan) qui barrent les routes maritimes ottomanes.



Barberousse

Soliman le Magnifique
 
campagne de Belgrade


 
L'apogée artistique : Au XVIe siècle, sous le règne de Soliman, surgit une pléiade d'artistes en tous genres: architectes, verriers, céramistes, calligraphes, miniaturistes, orfèvres... Si le décor sculpté décline après l'époque seldjoukide , la décoration intérieure des murs, généralement en faiences d'Iznik ou de Kütahya, est d'une grande richesse.
Les mosquées
se multiplient, en particulier grâce à l'oeuvre du grand architecte Sinan. Issu d'une famille chrétienne grecque orthodoxe, Sinan est né vers 1490 à Agirnaz, un village près de Kayseri. Il fait son apprentissage auprès de son père en tant que maçon et charpentier. En 1512, selon le système du "devsirme", il est enrollé dans l'armée ottomane. Après une période scolaire et de rigoureuse formation, Sinan devient ingénieur dans le génie militaire, participe à de nombreuses campagnes et commençe à construire des ponts et des fortifications.


Sinan


Du fait de ses talents exceptionnels, en 1538, il est nommé "Mimarbasi", Chef des Architectes Impériaux, un poste qu'il conservera sous trois sultans: Soliman le Magnifique, Selim II et Murat III.
Jusqu'à sa mort en 1588, il bâtit plus de quatre cents édifices tels que mosquées, palais, hôpitaux, hammams, écoles, medreses, caravansérails, fontaines et acqueducs.
Les trois oeuvres majeures de Sinan sont: la Mosquée Sehzade qu'il considérait comme un travail d'aprenti, la Mosquée Süleymaniye qu'il considérait comme une travail de maçon, et la Mosquée Selimiye qu'il considérait comme un travail de maître maçon.
Le Türbe de Sinan se trouve derrière la Mosquée Süleymaniye.
 



Sous Selim II, l'invasion en 1570 de l'île de Chypre, qui est le dernier bastion chrétien en Méditerranée Orientale, provoque la formation d'une alliance entre le pape Pie V, le roi Philippe II d'Espagne et la République de Venise. Le 7 octobre 1571, la flotte ottomane est défaite pour la première fois à la bataille navale de Lepante à l'entrée du golfe de Patras, par la Sainte Ligue (qui s'est désintégrée à la mort du pape) commandée par Don Juan d'Autriche. Parmi les combattants alliés blessés se trouve le célèbre écrivain espagnol Miguel de Cervantes qui perd son bras gauche au cours de la bataille. Seul le commandant Kiliç (Uluç) Ali Pacha réussit à s'échapper et ramener à Istanbul quatre vingt sept bateaux dont les quarante deux qui composent son escadre. Le désastre de Lépante, où cent quarante deux vaisseaux sont détruits, marque la fin de la suprémacie navale turque en Méditerranée, bien que dès juin 1572, Kiliç Ali Pacha reprenne la tête de la flotte reconstituée de deux cents cinquante bateaux.


Bataille navale de Lépante
 




Coutumes ottomanes de succession : selon le système ottoman, et celui de leurs ancêtres Turcs, chaque individu dans la ligne des héritiers, frères et fils, avaient les mêmes droits à la couronne. Les princes ottomans, appelés Sehzade, étaient envoyés dans les provinces (sandjaks) en compagnie de leurs précepteurs, afin d'apprendre les affaires de l'Etat. Lorsqu'un sultan, ou Padishah, décèdait, la couronne passait au plus méritant, en fait presque toujours le fils aîné, bien que les héritiers se soient souvent battus pour le sultanat. De façon à parer à la rébellion ou à la revendication au trône de rivaux, en 1512, Sélim Ier instaura la pratique de tuer les frères du sultan et leurs fils (en faisant attention d'e garder un en vie en tant qu'éventuel successeur), en les faisant étrangler avec un lacet de soie. En 1603, Ahmet Ier mit fin à cette pratique. Comme les sultans se méfiaient toujours de leur loyauté, ils firent enfermer leurs frères dans le harem du palais. Ils y vivaient dans la “cage”, entourés de luxe mais complètement isolés, et beaucoup d'entre eux devinrent obèses et paresseux, alcooliques, voire fous. Il n'est pas donc pas étonnant que ceux qui furent appelés à règner, aient été de mauvais sultans. De plus, les sultans ne partirent plus en campagne à la tête de leur armée et délaissèrent la pratique de former leurs fils aux affaires de l'Etat en les envoyant dans les provinces. A la place, les princes étaient confinés dans un endroit du palais appelé "kafes" (la "cage") où leurs jours s'écoulaient dans la paresse parmi les femmes de leur harem. Ainsi, lorsqu'ils accèdaient au trône, ils n'avaient aucune expérience pratique pour gouverner. Après le règne de Soliman le Magnifique, il y eut aussi parfois un manque de candidats en âge de gouverner. Dans de telles circonstances, le pouvoir devait forcément aller à d'autres. Durant la période appelée "le Sultanat des Femmes", où l'impact politique du harem fut fortement ressenti, ce furent les mères (Valide Sultan) des jeunes sultans qui exercèrent le pouvoir au nom de leurs fils; les janissaires, eux, passèrent lentement à la tête de l'armée et de l'administration, et déléguèrent leurs charges à leurs fils, et ce le plus souvent, avec l'aide d' officiels qu'ils avaient soudoyés.

L'amorce du déclin de l'Empire a été engendré, à partir de 1579, par des facteurs interdépendants tels que des sultans inefficaces manipulés par leurs mères, leurs femmes et leurs grands vizirs, la lutte pour le pouvoir, les révoltes de janissaires dont l'influence dans les affaires de l'Etat augmente sans cesse, la corruption...



La guerre contre l'Autriche est reprise par Murat III. En 1606, Ahmet Ier signe la Paix de Svitvatorok, qui donne le même statut à l'Empereur qu'au sultan, suite à l'insuccès militaire ottoman et aussi parce que la mobilisation de l'armée se révèle nécessaire afin de mater les révoltes de Celali en Anatolie. Ces insurrections populaires, contre la levée de taxes excessives par les féodaux, menacent l'Etat et causent de grandes destructions dans les campagnes et dans les villes.

Ahmet Ier
 
Le jeune et inexpérimenté Osman II, qui veut introduire de profondes réformes, est le premier sultan déposé et exécuté (1622) par les janissaires qui mettent pour la deuxième fois sur le trône Mustapha Ier, puis Murat IV en 1623, alors qu'il n'est encore qu'un enfant. Sa mère, Kösem Sultane, soutenue par le grand vizir, exerce le pouvoir mais la corruption, les troubles intérieurs et les rebellions dans les provinces augmentent jour après jour. Prenant le pouvoir par un coup d'état en 1632, Murat IV se débarasse de l'influence du harem et gouverne d'une main de fer, restaurant la paix et l'ordre public. Les Perses Séfévides, profitant de la situation instable, ont repris Bagdad en 1624. La reprise de Bagdad par Murat IV en 1638 met fin à quinze ans de guerre avec l'Iran. Afin de commémorer ses victoires en Iraq et en Arménie, le sultan fait construire le Kiosque de Bagdad (1638–39) et le Pavillon de Revan (1635–36) dans le Palais de Topkapi.

Murat IV
 



La situation intérieure se dégrade à nouveau sous Ibrahim Ier au fur et à mesure que les janissaires prennent de plus en plus d'autorité. Sous Mehmet IV, dans la seconde moitié du XVIIe siècle, deux grands vizirs énergiques, les Köprülü (le père, Mehmet Pacha est succédeé par son fils, Fazil Ahmet Pacha), parviennent à redresser la situation de façon spectaculaire. Avec la prise de l'Ukraine aux Polonais (1667-68), les victoires remportées sur la marine vénitienne et avec la conquête de la Crète (1668), les Köprülü redonnent vigueur et fierté à l'Empire Ottoman. Par contre, leur successeur Kara Mustafa Pasha de Merzifon, suite à l' échec du second siège de Vienne en 1683, est exécuté sur ordre de Mehmet IV lors de la retraite de l'armée ottomane.




Etendue de l'Empire Ottoman en 1682
 
1686 - 1792 – Le déclin de l'empire : la fin du XVIIe siècle et le début du XVIIIe sont marqués par une succession de revers militaires. Après avoir évacué la Hongrie en 1686, les Ottomans signent, en 1699, le Traité de Carlowitz avec l'Autriche consacrant la perte de la Transylvanie: l'Empire est forcé d'abandonner du territoire pour la première fois. Süleyman II, Ahmet II et Mustafa II doivent faire face à un nouvel adversaire, la Russie qui va s'allier à l'Autriche. Pierre le Grand (1682-1725) entreprend la conquête de la Crimée, alors possession des Ottomans qui ripostent. La guerre éclate, mais leur défaite et le Traité de Prut (1711) va temporairement stopper les efforts des Russes à avoir une ouverture sur la Mer Noire. Le Traité de Passarowitz (1718) fait perdre à l'Empire, en faveur de l'Autriche, de nouveaux territoires, dont Belgrade, qui seront en partie récupérés par le Traité de Belgrade (1739).

Sous Ahmet III, après une période d'accalmie correspondant à la Periode Artistique des Tulipes (Lale Devri 1718-1730), la guerre fait rage de nouveau et apporte des succès marquants aux adversaires de l'Empire. Mahmut Ier reprend les hostilités dans le Caucase, mais en 1746 la paix est signée avec la Perse. Sous Abd-ül-Hamit Ier, l'Etat est en proie à une crise économique et doit faire face à des attaques répétées de la Russie désormais adversaire majeur des Ottomans qui lui proposent la paix. Par le Traité de Küçük Kaynarca (1774), la Russie gagne l'accès à la Mer Noire et aux Détroits, étape décisive de l'expansionnisme russe, et obtient un droit de regard sur le sort des populations orthodoxes de l'Empire, nombreuses dans ses provinces balkaniques. Quelques années plus tard en 1783, la Russie annexe la Crimée. Entre 1787 et 1792, la guerre reprend entre la Russie et l'Empire Ottoman qui subit encore plus de pertes.
   
Caftan avec motifs de tulipes
 
Les tentatives de modernisation, à partir de la fin du XVIIIe et au cours du XIXe siècle, sont le fait de sultans "éclairés" tels que Selim III (1789-1807) qui ouvre de nouvelles écoles militaires et réorganise l'armée avec l'aide d'instructeurs français, mais échoue dans son essai de remplacer les Janissaires qui le renversent. Mahmut II (1808-1839) abolit le corps des Janissaires (1826), groupe de pression hostile à toute réforme, et fait tuer un grand nombre d'entre eux. Puis il réorganise l'armée sur un modèle occidental, introduit le costume européen et remplace le traditionnel turban par le fez. Des ministères sont établis à la place du Divan. Mais Mahmut II doit faire face à de lourds défis tout au long de son règne.

   
Mahmut II portant
le fez et le costume européen
 

En 1798, Napoléon Bonaparte occupe l'Egypte, et les Ottomans n'en reprennent le contrôle qu'en 1801, après que Mehmet Ali Pasha ait été envoyé afin de repousser l'armée française. Il devient gouverneur (vice-roi) d'Egypte, réussit pratiquement à prendre son indépendance vis à vis du sultan ottoman, allant jusqu'à se débarasser des chefs Mamelouks (1811). Mahmut II lui promet de le faire gouverneur de Syrie en échange de son intervention dans les révoltes grecques. Mais lorsque la flotte de Mehmet Ali est coulée à Navarino (1827) par les Britanniques, les Français et les Russes, le sultan refuse de lui donner la province. Mehmet Ali envahit alors la Syrie et l'Asie Mineure (1838). Menacé par les Européens, il est forcé d'abandonner. Par une décision de compromis, Mahmut II le reconnaît comme souverain héréditaire d'Egypte.

La déposition des gouverneurs pro-Russes de Moldavie et de Walachie aboutit à la guerre Russo-turque (1806- 1812). En 1821 commence la guerre grecque pour l'indépendance. Mahmut II ayant refusé une armistice demandée par la Grande Bretagne, la France et la Russie, leurs flottes alliées attaquent et coulent la flotte de Mehmet Ali, mais seule la Russie déclare la guerre en 1828. Vaincus, les Ottomans acceptent le Traité d'Andrinople par lequel la Russie acquiert plus de territoire sur la Mer Noire, la Serbie obtient son autonomie (1829) et la Grèce son indépendance (1830).

 

La Guerre de Crimée: la Russie, dont la principale ambition est de mettre la main sur Constantinople et de contrôler les Détroits, tente d'obtenir plus de concessions des Ottomans, mais l'Empire est soutenu par la France et la Grande Bretagne qui font de sa survivance une nécessité pour l'équilibre international. Lorsque sa demande pour la protection des Lieux Saints en Palestine est refusée par la France et le gouvernement ottoman, en juillet 1853 la Russie riposte en occupant les états vassaux ottomans de Moldavie et Valachie. En octobre, la Guerre de Crimée éclate quand l'Empire déclare la guerre à la Russie. Lorsque les Russes détruisent la flotte ottomane à la bataille navale de Sinop, la Grande Bretagne, la France et le Piémont, concluant que l'expansion russe doit être stoppée, interviennent militairement en mars 1854. L'Autriche reste neutre, mais par sa menace d'entrer en guerre aux côtés des Ottomans, force la Russie à évacuer la Moldavie et la Valachie. L'avènement du Tzar Alexandre II et la prise de Sébastopol par les Alliés entraînent des négotations de paix. Elles aboutissent au Traité de Paris (mars 1856) qui reconnait l'indépendance et l'intégrité de l'Empire Ottoman et rend la Mer Noire neutre et fermée à tous navires de guerre.


La banqueroute ottomane et la dette publique: l'Empire émerge de la guerre économiquement épuisé. La situation financière est catastrophique, la corruption est généralisée, et les revenus de l'Etat partiellement hypothéqués d'avance au profit des administrateurs de la Dette Ottomane représentant ses créanciers étrangers. La Grande Bretagne, la France et l'Autriche, ayant investi beaucoup de ressources dans la Guerre de Crimée, et ne désirant pas venir de nouveau à l'aide de l'Empire chancelant, envoient des hommes d'affaire et administrateurs afin de réformer et reconstruire l'économie. Mais l'Empire est atteint par l'impact des capitalismes occidentaux de l'époque. A la suite du crash boursier de Vienne du 9 mai 1873 qui a emporté avec lui l'économie de l'Europe, l'argent et les prêts venant de l'étranger arrêtent d'affluer vers la capitale ottomane, et le gouvernement entre dans une crise financière. La Turquie est alors "l'homme malade de l'Europe". En 1881, un accord est passé, établissant l'Administration de la Dette Publique constituée par des représentants ottomans et européens. Cet arrangement soumet les Ottomans à un contrôle financier étranger dont ils ne parviennent pas à se libérer à cause des emprunts continuels.

 
L'ère des réformes ou "Tanzimat", qui s'étend de 1839 à 1876, voit de grands changements s'accomplir : sous Abdülmecit (1839-1861) deux décrets paraissent, l'un en 1839 l'autre en 1856, contenant un important programme de réformes civiles connues sous le nom de "Tanzimat". Une banque nationale est créée; l'administration est modernisée; la justice est partiellement sécularisée; tous les citoyens sont proclamés égaux devant la loi, sans considération de leur religion.

Le Palais de Dolmabahçe construit sous
Abdülmecit
 
Abdülaziz (1861-1876) est le premier sultan à voyager en Europe. Invité par Napoléon III, en juin-juillet 1867, il assiste à l'Exposition Universelle de Paris. Il rend ensuite visite à la Reine Victoria à Londres, à Guillaume Ier en Prusse, à François-Joseph Ier à Vienne. Dans le cadre de la Réglementation de l'Education Publique, un système moderne d'éducation obligatoire et gratuit est établi pour tous les enfants jusqu'à l'âge de douze ans. En septembre 1868, le célèbre Lycée Impérial de Galatasaray ouvre ses portes. Le français est la principale langue d'instruction, la plupart des professeurs sont étrangers, et les élèves proviennent de communautés religieuses différentes. De nombreuses écoles privées sont également ouvertes par les minorités religieuses et des missionaires étrangers.

Abdülaziz

La construction d'un chemin de fer est amorcée vers (l'Orient Express) et en Anatolie (région égéenne). Mais le fait qu'Abdülaziz dépense une grande partie de l'argent provenant des prêts des banques européennes pour le compte de la famille impériale dans la construction et la décoration de kiosques et de palais afin de rivaliser avec ceux en Europe, l'entraîne à sa perte. Sous son règne, le Parti Libéral est formé par Mithat Pacha, le leader de la révolution qui dépose le sultan.


Abdülhamit II (1876-1909), succède à Murat V qui, très vite, a été à sont tour déposé à cause de son insanité. Mithat Pacha, devenu grand vizir, assure la promulgation de la première constitution turque (1876-77). Mais les crises externes et internes qui ont secoué le début son règne, convainquent le sultan que seul un gouvernement fort et centralisé peut empêcher l'Empire de s'effondrer. Abdülhamit II renvoie rapidement Mithat Pacha, dissoud le parlement et le remplace par un absolutisme rigoureux. Le sultan vit quasiment isolé dans son Palais de Yildiz où il ne reçoit que quelques conseillers en qui il a toute confiance. Des mesures internes sévères sont prises, incluant la bureaucratisation du gouvernement, l'établissement d'une organisation de police secrète et un système de censure. Le sultan, qui mène une vie de stricte observance religieuse, à l'inverse de ses prédécesseurs durant le XIXe siècle, se présente en tant que principal protecteur des Musulmans et développe une politique panislamique.

La Guerre Russo-Turque de 1877–1878 éclate à la suite de révoltes anti-ottomanes en Herzégovine et en Bosnie (1875) puis en Bulgarie et en Serbie, territoires des Balkans dont la population est en grande partie slave, comme le sont les Russes. Concernées par l'influence russe grandissante, les grandes puissances européennes convoquent le Congrès de Berlin afin de revoir et modifier le désastreux Traité de San Stefano de 1878, auquel les Ottomans ont été forcés, et qui dépossède l'Empire de la plupart de ses territoires européens. En conséquence, la Russie acquiert Ardahan, Batum, et Kars dans le nord-est de l'Anatolie; la Roumanie (Valachie et Moldavie), devenue indépendante, est forcée de céder le sud de la Bessarabie à la Russie en échange du Dobroudja; la Serbie et le Monténégro obtiennent aussi leur indépendance; la Bosnie et l'Herzégovine passent sous administration austro-hongroise; la Grande Bulgarie est réduite à une principauté indépendante au nord, et les Ottomans reprennent possession de la Roumélie de l'Est (auparavant la Bulgarie du Sud, annexée à nouveau par la Bulgarie en 1885) et de la Macédoine. La Grande Bretagne est authorisée à occuper et administrer Chypre en échange d'un engagement à défendre les Ottomans contre la Russie.

Otto von Bismarck pousse la Russie à faire de plus amples concessions, ce qui mène à de meilleures relations germano-turques. La visite du Kaiser Guillaume II à Istanbul renforce les liens entre l'Empire et les Allemands qui voient les intérêts économiques et deviennent les principaux fournisseurs d'armes et entraînent l'armée ottomane.


Le Kaiser Guillaume II au Palais de Dolmabahçe – Zonaro, Palais de Dolmabahçe


Le règne d'Abdülhamit II a été témoin de plus amples pertes territoriales, incluant la perte de la Tunisie à la Français en 1881, et de l'Egypte aux Britanniques en 1882. En 1897, les Grecs déclarent la guerre aux Ottomans suite à une insurrection en Crète et la proclamation par les rebelles de l'union avec la Grèce. Vaincue, la Grèce demande l'intervention de l'Europe. En conséquence, la Grèce doit payer des indemnités de guerre mais la Crète obtient son autonomie et des milliers de musulmans sont contraints à quitter la Crète et la Grèce et viennent se réfugier en Anatolie occidentale.


 

La Révolution des Jeunes – Turcs
est suscitée par l'autoritarisme et la brutalité implacable d'Abdülhamit II, le "sultan rouge", et la répression interne grandissante. Un mouvement libéral d'opposition, ou parti des "Jeunes Turcs" principalement composé d'intellectuels et d'officiers de l'armée, s'organise en tant que "Comité pour l'Union et le Progrès". Les Jeunes Turcs déclenchent une révolution (1908) afin de contraindre le sultan à restaurer la constitution de 1776-1877 et le gouvernement parlementaire. En 1909, une tentative de contre-révolution, faite par un groupe conservateur musulman avec la complicité du sultan, aboutit à la déposition d'Abdülhamit II par les Jeunes Turcs.

Son frère Mehmet V lui succède sur le trône, mais c'est Enver Pacha (il forme un triumvirat avec Talat Pacha et Cemal Pacha) qui, en fait, détiend le pouvoir. Il supprime tout parti d'opposition et, vers 1914, contrôle pratiquement tous les sièges au parlement ainsi que tous les ministères, établisssant un régime autoritaire.

Les succès des Jeunes Turcs ouvrent la voie à une série de profonds changements. Des efforts sont fait pour une modernisation rapide en particulier dans les domaines de l'urbanisation, l'agriculture, l'industrie, la sécularisation de l'état et l'émancipation de la femme (ouverture d'écoles pour femmes, progrès faits pour les droits de la femme).

   
Mehmet V porté au pouvoir
par les Jeunes Turcs
 
L'effondrement de l'Empire : le nouveau gouvernement est harcelé par des menaces extérieures. En 1911-1912, l'Italie occupe Tripoli et la Cyrénaique, derniers lambeaux de l'Empire en Afrique du Nord, et les îles du Dodécanèse. Suite à une révolte de nationalistes albanais au Kossovo, l'Albanie proclame son indépendance en 1912. A l'exception de l'est de la Thrace et des îles d'Imbros (Gökçeada) et de Ténédos (Bozcaada) situées à l'entrée des Dardanelles, les deux Guerres Balkaniques (1912-1913), déclanchées par la Bulgarie, la Serbie, le Monténégro, et la Grèce qui finit par annexer la Crète, enlèvent à l'Empire ses possessions européennes.
A cause des bonnes relations avec l'Allemagne, de la continuelle inimitié envers la Russie et la perte de territoires ottomans pendant les Guerres Balkaniques, en novembre 1914, Enver Pasha fait entrer l'Empire dans la Première Guerre Mondiale. Ayant pris le parti de l'Allemagne et de l'Autriche-Hongrie, les Turcs partagent la défaite des Puissances Centrales malgré une résistance victorieuse, sous le commandement de Mustafa Kemal, contre les débarquements anglo-français des Dardanelles (1915).
En 1914-1915, l'est du pays (le Caucase) est envahi par les Russes appuyés par des volontaires arméniens. Mais la Russie se voit contrainte d'arrêter la guerre en 1917 à cause de la Révolution Bolchévique, et le Traité de Paix de Brest-Litovsk (3 Mars 1918) assure l'évacuation des provinces de l'est anatolien et le retour d'Ardahan, de Batum et de Kars.
 
Mustafa Kemal Pacha (debout au centre)
pendant la Guerre des Dardanelles (1914)/font>
En 1917, les Britanniques prennent Baghdad, Jerusalem et Damas. L'officier des services de renseignements T.E. Lawrence (mieux connu sous le nom de Laurence d'Arabie) pousse les chefs du Yemen, du Hidjaz et de la Palestine à se rebeller et coordoner leur soulèvement afin d'aider les intérêts britanniques.

L'Armistice de Moudros (3 octobre 1918) consacre la défaite des Turcs et donne aux Puissances de l'Entente Cordiale le droit d'occuper tout le territoire ottoman qu'elles commencent à se partager: en 1918-1919, les Britanniques occupent Mossoul, puis dans le sud-est de l'Anatolie Kilis, Antep, Maras et Urfa qu'ils donnent aux Français qui occupent déjà Mersin et Adana. Les Italiens, eux, occupent la région égéenne, Mugla, Antalya, Burdur, Konya. Les Grecs débarquent à Izmir le 15 mai 1919.

Mehmet VI (1918–22), le dernier sultan ottoman, capitule devant les Alliés qui occupent Istanbul le 16 mars 1920. Il consent au dur Traité de Sèvres qui liquide l'Empire Ottoman, et de fait abolit la souveraineté turque. Après six siècles d'existence, l'Empire Ottoman s'effondrait.
 



Les Arméniens : en 1894-96, déjà soutenus par la Russie, des comités révolutionnaires nationalistes arméniens voient le jour, fomentent des émeutes, dont le but est d'amener d'abord les Ottomans à réagir à leur violence et ensuite de pousser les puissances étrangères à intervenir. Les répressions qui s'ensuivent amènent les Arméniens à commencer à émigrer dans le monde entier. Lors de la Première Guerre Mondiale, la Russie, qui a toujours rêvé d'ouvertures sur la Méditerranée, envahit l'est de l'Anatolie. Sous le prétexte d'une grande Arménie unifiée, la Russie arme et entraîne les Arméniens ottomans à la rébellion. Au printemps 1915, des groupes arméniens armés incendient des villages de la province de Van peuplés de musulmans, s'emparent de Van et livrent la ville à l'armée russe. Ces évènements donnent lieu à la riposte turque avec des actions visant à supprimer les foyers insurrectionnels et à écarter les Arméniens de toutes les régions où ils sont susceptibles de gêner et saper les mouvements de l'armée ottomane contre les Russes ou contre les Britanniques. Le gouvernement ottoman prend une décision lourde de conséquences pour les deux camps en transférant, jusqu'en 1917, environ 700 000 Arméniens établis dans les provinces de Van, Bitlis et Erzurum, dans les districts d'Adana, Mersin, Kozan, Maras, Iskenderun, Antakya, dans la province d'Alep, vers le centre et l'est de la Syrie et le nord de l'Irak.


Epilogue
 : l'histoire de la Turquie moderne commence avec Mustafa Kemal, le leader des nationalistes turcs, qui refuse d'accepter les termes du Traité de Sèvres et organise la résistance. Un gouvernement rival est formé à Ankara et la Grande Assemblée Nationale abolit le sultanat le 1er novembre 1922. Mehmet VI, le sultan déchu, s'enfuit le 17 novembre (il meurt en exil à San Remo le 16 mai 1926, mais est enterré à Damas). Le jour suivant, il est déchu de son titre de caliphe dont la charge passe à son cousin Abdülmecit. A la suite de la proclamation de la République Turque (29 octobre 1923), le califat est aboli (3mars 1924) et tous les membres de la Maison Ottomane sont exilés.