· 1299-1326 : Osman Ier
· 1326-1359 : Orhan Ier
· 1359-1389 : Murat Ier
· 1389-1402 : Bayezit Ier
· 1403-1421 : Mehmet Ier
· 1421-1451 : Murat II
· 1451-1481 : Mehmet II
le Conquérant ·
1481-1512 : Bayezit II
· 1512-1520 : Selim Ier
· 1520-1566 : Süleyman Ier
dit le Magnifique
· 1566-1574 : Selim II
· 1574-1595 : Murat III
· 1595-1603 : Mehmet III
· 1603-1617 : Ahmet Ier
· 1617-1618 : Mustafa Ier
· 1618-1622 : Osman II
· 1622-1623 : Mustafa Ier
· 1623-1640 : Murat IV
· 1640-1648 : Ibrahim Ier
Tu?ra
de Mahmut II
Armoiries de la Maison des Ottomans
· 1648-1687 : Mehmet IV
· 1687-1691 : Süleyman II
· 1691-1695 : Ahmet II
· 1695-1703 : Mustafa II
· 1703-1730 : Ahmet III
· 1730-1754 : Mahmut Ier
· 1754-1757 : Osman III
· 1757-1774 : Mustafa III
· 1774-1789 : Abdülhamit Ier · 1789-1807 : Selim III
· 1807-1808 : Mustafa IV
· 1808-1839 : Mahmut II
· 1839-1861 : Abdülmecit
· 1861-1876 : Abdülaziz
· 1876
· 1876-1909
· 1909-1918
· 1918-1922
: Murat V
: Abdülhamit II
: Mehmet V Re?at
: Mehmet VI
Vahdettin
Naissance
de la dynastie ottomane :
Vers 1300, lorsque les Mongols se retirent
d'Anatolie, ils laissent derrière eux des
petits émirats seldjoukides
et des tribus menées par des chefs
de clans. Ces Turcomans récemment arrivés
sont connus comme étant des "gazis"
qui signifie "guerriers de la foi".
Un de ces chefs est Osman,
le fondateur de la dynastie des "Osmanli"
(Ottomans). En 1299, Osman proclame son
beylik indépendant
du Sultanat de Roum,
et il jette les bases d'un état gazi dont
la principale mission est la conquête militaire.
Son successeur, Orhan Ier,
qui crée le "Divan"
(Conseil), est le premier dirigeant à prendre
le titre de sultan depuis qu'il a été laissé
vacant avec la disparition du dernier sultan
seldjoukide en 1308. Il conquiert Bursa
(1326) dont il fait la première capitale
ottomane.
Rapidement, les Ottomans entament une expansion
vertigineuse de leurs domaines, et commencent
l'annexion des beyliks (émirats turcs) qui
sera achevée au début du XVIe siècle.
Osman Ier
L'essor
de l'Empire : en 1353 les
Ottomans prennent pied pour la première
fois en Europe en s'emparant de Gallipoli,
bloquant ainsi le Détroit
des Dardanelles. En 1365, Andrinople,
prise par Murat Ier, devient
leur deuxième capitale sous le nom d'Edirne.
En 1376, Murat Ier établit le Corps
des Janissaires (voir plus bas).
En 1389, il s'empare de Sofia
puis de la Serbie à la
Bataille de Kossovo. Proclamé sultan sur
le champ de bataille lorsque son père est
tué, Bayezit Ier
surnommé Yildirim, "La Foudre",
finit la conquête de la Bulgarie
et la Serbie. En 1397, il entreprend
le premier siège de Constantinople
qui est levé en 1400 à cause de l'arrivée
de Tamerlan (Timur Lenk),
qui a fondé un empire turc à l'est, et qui
déferle sur l'Anatolie, essayant de rétablir
et s'allier les émirats annexés par les
Ottomans. Il capture Bayezit à la bataille
d'Ankara
en 1402, qui, forcé à suivre son vainqueur,
meure (un suicide d'après certaines sources)
en captivité à Aksehir.
Après huit mois passés en Anatolie, Tamerlan
repart à Samarcande (il meurt en 1405 alors
qu'il s'apprête à envahir la Chine), laissant
derrière lui les fils du sultan qui se livrent
à des luttes implacables pour succéder à
leur père.
Bayezit proclamé sultan - miniature
Après
une période d'interrègne (1403-1413), Mehmet
Ier , sorti vainqueur, restaure
la puissance ottomane en Anatolie et entretient
de bons rapports avec l'Empereur Manuel
II. Mais lorsque Murat II succède
à son père en 1421, la guerre reprend entre
les Turcs et les Byzantins.
Le
29 mai 1453, Mehmet II conquiert
Constantinople et la désigne comme
la dernière capitale de l'Empire Ottoman.
En 1461, les ports de la Mer Noire, en partie
contrôlés par les Génois,
tombent ainsi que Trébizonde
où depuis 1204 se maintenait la dynastie
des Comnènes. De
plus, Mehmet II étend et consolide les conquêtes
de ses prédecesseurs dans les Balkans
(Serbie, Bosnie, Herzegovine,
Albanie 1456-1467) et prend la Crimée
(1475).
Mehmet II entre dans Constantinople peinture de Zonaro
Le "devsirme" :
Murat II et Mehmet II le Conquérant
développent le "devsirme"
(instauré par Murat Ier), un système de recrutement
de jeunes garçons chrétiens qui ont entre huit
et dix-sept ans environ, et qui vont être convertis
à l'Islam et devoir une allégeance absolue au
sultan quelle que soit la position à laquelle
ils vont accéder. Amenés devant le sultan, ils
sont choisis selon leurs qualités et leur physique.
Les plus brillants sont envoyés à l'école du
palais où la meilleure éducation possible, dans
la haute tradition de
l'Islam, leur est donnée. L'élite est destinée
aux postes clef de l'Empire qui peuvent mener
jusqu'à la position suprême de grand vizir (sadrazam)
à la tête du gouvernement et de l'armée. Ceux
qui ne sont pas choisis pour l'école du palais
reçoivent une éducation plus basique, empreinte
de la culture islamique
populaire. La plupart d'entre eux sont entraînés
pour servir l'armée ottomane, formant le corps
d'élite d'infanterie du sultan appelé Corps
des Janissaires.
Janis
saries
Mehmet II
Les
janissaires
(en turc "yeniçeri" qui signifie nouveau
soldat) composent la première armée ottomane
permanente et soldée (1376), remplaçant les
guerriers enrôlés, issus de tribus turcomanes,
dont la loyauté pouvait parfois être mise en
doute. Ils vont devenir un formidable instrument
de conquête et de pouvoir pour la dynastie ottomane.
L'entraînement
et la vie quotidienne des janissaires sont réglés
par une discipline stricte (ils ne peuvent pas
se marier, doivent vivre dans leurs casernes),
mais en échange de leur loyauté et de leur dévotion,
ils obtiennent des privilèges : ils ont
un bon niveau de vie et un statut social respecté,
ils sont exemptés d'impôts, ils ont droit à
une part du butin durant les campagnes militaires,
ils perçoivent une pension lorsqu'ils sont retraités
où handicapés... Fervents musulmans, ils ont
des liens privilégiés avec l'ordre mystique
des Derviches Bektasi.
Avec le temps, les janissaires deviennent une
puissante institution et influencent la politique.
L'énorme chaudron utilisé pour cuire le pilaf
a une signification symbolique spéciale pour
les janissaires qui, lorsqu'ils réclament un
changement dans le cabinet du sultan ou la tête
d'un Grand Vizir, le retournent (l'expression
"retourner le chaudron" est toujours
utilisée pour parler d'une rébellion dans les
rangs). Ils défendent leurs intérêts, obtenant
de meilleures soldes et la levée de l'obligation
de célibat. Vers la fin du XVIe siècle, l'importance
du "devsirme"
diminue après que les Musulmans turcs mâles
aient été autorisés à s'enrôler et que les janissaires
aient commencé à enrôler leurs propres fils,
rendant pour une grande part l'adhésion au corps,
héréditaire. Au début du XVIIIe siècle, le système
du devsirme est finalement abandonné. A partir
du XVIIe siècle, les janissaires n'hésitent
pas à déposer, parfois violemment, un sultan
et d'en mettre un de leur choix sur le trône.
En temps de paix, ils peuvent travailler au
maintien de l'ordre ou faire du commerce. Mais
le fait de développer une vie sociale et familiale
diminue leur efficacité en tant que combattants.
Ils se révoltent à chaque tentative de réorganisation
et de modernisation de l'armée. Leur dernière
insurrection a lieu le 14 juin 1826, mais le
lendemain le Sultan Mahmut II
abolit leur corps et fait massacrer 6 000 d'entre
eux retranchés dans leurs casernes. Les autres
sont faits prisonniers ou bannis et leurs biens
sont confisqués.
Le règne relativement pacifique de Bayezit
II (1481-1512) est marqué par quelques
expéditions en Mer Egée contre les ports grecs
encore détenus par les Vénitiens
(prise de Lepante en 1499,
Modon et Coron
en 1500). Des bateaux sont envoyés afin d'aider
les Musulmans et les Juifs
d'Espagne alors inquiétés par les
tribunaux de l'Inquisition.
Les Musulmans sont acheminés sur les côtes d'Afrique
du Nord, ce qui permet aux Ottomans d'y implanter
des bases. Les Juifs sont eux acheminés à Istanbul
et à Salonique conquise en
1430.
Les
grandes conquêtes
reprennent sous Selim Ier
(1512-1520), surnommé "Le Cruel",
qui, afin d'assurer sa seule autorité,
fait disparaître ses frères. La guerre
sainte et la victoire de Çaldiran (1514)
sur la dynastie chi'ite des Perses
Séfévides arrivés au pouvoir
en 1501, permet l'annexion de l'est de
l'Anatolie (Arménie,
région de Diyarbakir).
Selim Ier fait de l'Empire la première
puissance islamique, en particulier par
sa campagne de 1515-1517 où il écrase
les Mamelouks
à la Bataille de Merdj Dabiq près d'Alep,
s'emparant de la Syrie,
de la Palestine. La Bataille
de Ridaniyeh entraîne la prise du Caire
avec l'annexion de l'Egypte
ainsi que du Hidjaz
où sont situées la Mecque et Médine, qui
sont les deux villes les plus saintes
de l'Islam.
Ayant acquis le titre de "Protecteur
des Lieux Saints", Sélim
Ier et ses successeurs se prévaudront
de cette position pour ajouter le titre
de Calife à celui de
sultan.
Selim
Ier réussit également à empêcher le Portugal
d'établir le monopole du commerce des
épices, la flotte portugaise ayant commencé
à barrer les routes maritimes par lesquelles
se fait le commerce ottoman des épices
entre l'Inde, le sud de l'Arabie et l'Egypte.
Selim Ier
Le Caire
L'amiral Piri Reis,
grand navigateur et cartographe qui
dessine en 1513 les côtes des Amériques
découvertes en 1492 par Christophe Colomb,
participe à la campagne d'Egypte. Dans
son "Traité de la Marine",
il donne la description et dessine les
côtes de la Méditerranée, le cours du
Nil et la ville du Caire.
Chypre
Le règne de Süleyman
Ier (le plus long de l'Empire Ottoman,
de 1520 à 1566 date de sa mort alors qu'il est
en campagne en Hongrie), mieux connu sous le
nom de Soliman le Magnifique,
qui donne à l'Empire son âge d'or. Soliman,
qui organise l'état et la société en créant
de nombreuses lois, est également appelé "Kanuni",
le législateur. Sous son règne, l'Empire est
au faîte de sa puissance. Il est alors la première
puissance tant en Europe Centrale qu'en Méditerranée
et en Orient, et joue le rôle d'arbitre en Europe
Occidendale entre Charles Quint
et François Ier, avec qui
un traité est signé en 1536, accordant des privilèges
commerciaux à la France en échange d'une alliance
contre les Habsbourgs. Soliman conduit treize
campagnes avec les conquêtes de Belgrad
(1521), de Rhodes
(1522), l'assujetissement d'une grande partie
de la Hongrie après la bataille de Mohacs où
Buda et Pest
sont prises (1526), et le siège infructueux
de Vienne (1529). Son duel
avec Tahmasb Shah
de la dynastie rivale perse des Séfévides,
suscite trois grandes campagnes se terminant
par la Paix d'Amasya (1555)
qui lui assure l'Anatolie Orientale,
l'Azerbaidjan, Tabriz
et Bagdad. Il établit
également la suprématie navale ottomane en Méditerranée
avec la prise d'Alger et de
Tunis (1535). Barberousse
(Khayr al-Din Pacha),
un corsaire turc règnant sur Alger, devient
Grand Amiral de la flotte turque en 1534 et
défait l'armada de Charles Quint à la bataille
navale de Preveze (1538).
La fin du règne de Soliman est marquée par d'incessants
combats avec Charles Quint pour la possession
de la Hongrie, et en 1565, par son échec face
aux Chevaliers de Malte (comprenant
un grand nombre des chevaliers qui ont quitté
Rhodes après la victoire du sultan) qui barrent
les routes maritimes ottomanes.
Barberousse
Soliman le Magnifique
campagne de Belgrade
L'apogée
artistique : Au XVIe siècle, sous
le règne de Soliman, surgit une pléiade
d'artistes en tous genres: architectes,
verriers, céramistes, calligraphes, miniaturistes,
orfèvres... Si le décor sculpté décline
après l'époque seldjoukide , la décoration
intérieure des murs, généralement en faiences
d'Iznik
ou de Kütahya,
est d'une grande richesse.
Les mosquées
se
multiplient, en particulier grâce à l'oeuvre
du grand architecte Sinan.
Issu d'une famille chrétienne grecque orthodoxe,
Sinan est né vers 1490 à Agirnaz, un village
près de Kayseri.
Il fait son apprentissage auprès de son
père en tant que maçon et charpentier. En
1512, selon le système du "devsirme",
il est enrollé dans l'armée ottomane. Après
une période scolaire et de rigoureuse formation,
Sinan devient ingénieur dans le génie militaire,
participe à de nombreuses campagnes et commençe
à construire des ponts et des fortifications.
Sinan
Du fait de
ses talents exceptionnels, en 1538, il est
nommé "Mimarbasi", Chef des Architectes
Impériaux, un poste qu'il conservera sous
trois sultans: Soliman le Magnifique,
Selim II et Murat
III.
Jusqu'à sa mort en 1588, il bâtit plus de
quatre cents édifices tels que mosquées,
palais, hôpitaux, hammams, écoles, medreses,
caravansérails, fontaines et acqueducs.
Les trois oeuvres majeures de Sinan sont:
la Mosquée
Sehzade qu'il considérait comme un
travail d'aprenti, la Mosquée
Süleymaniye qu'il considérait comme
une travail de maçon, et la Mosquée
Selimiye qu'il considérait comme un
travail de maître maçon.
Le Türbe de Sinan
se trouve derrière la Mosquée Süleymaniye.
Sous
Selim II, l'invasion en 1570 de l'île
de Chypre, qui
est le dernier bastion chrétien en Méditerranée
Orientale, provoque la formation d'une alliance
entre le pape Pie V, le roi
Philippe II d'Espagne
et la République de Venise.
Le 7 octobre 1571, la flotte ottomane est défaite
pour la première fois à la bataille navale de
Lepante à l'entrée du golfe
de Patras, par la Sainte Ligue
(qui s'est désintégrée à la mort du
pape) commandée par Don Juan d'Autriche.
Parmi les combattants alliés blessés se trouve
le célèbre écrivain espagnol Miguel
de Cervantes qui perd son bras gauche
au cours de la bataille. Seul le commandant
Kiliç (Uluç) Ali Pacha réussit
à s'échapper et ramener à Istanbul quatre vingt
sept bateaux dont les quarante deux qui composent
son escadre. Le désastre de Lépante, où cent
quarante deux vaisseaux sont détruits, marque
la fin de la suprémacie navale turque en Méditerranée,
bien que dès juin 1572, Kiliç Ali Pacha reprenne
la tête de la flotte reconstituée de deux cents
cinquante bateaux.
Bataille navale de Lépante
Coutumes
ottomanes de succession : selon le
système ottoman, et celui de leurs ancêtres
Turcs, chaque individu dans la ligne des héritiers,
frères et fils, avaient les mêmes droits à la
couronne. Les princes ottomans, appelés Sehzade,
étaient envoyés dans les provinces (sandjaks)
en compagnie de leurs précepteurs, afin d'apprendre
les affaires de l'Etat. Lorsqu'un sultan, ou
Padishah, décèdait, la couronne
passait au plus méritant, en fait presque toujours
le fils aîné, bien que les héritiers se soient
souvent battus pour le sultanat. De façon à
parer à la rébellion ou à la revendication au
trône de rivaux, en 1512, Sélim
Ier instaura la pratique de tuer les frères
du sultan et leurs fils (en faisant attention
d'e garder un en vie en tant qu'éventuel successeur),
en les faisant étrangler avec un lacet de soie.
En 1603, Ahmet Ier mit fin
à cette pratique. Comme les sultans se méfiaient
toujours de leur loyauté, ils firent enfermer
leurs frères dans le harem du palais. Ils y
vivaient dans la “cage”, entourés de luxe mais
complètement isolés, et beaucoup d'entre eux
devinrent obèses et paresseux, alcooliques,
voire fous. Il n'est pas donc pas étonnant que
ceux qui furent appelés à règner, aient été
de mauvais sultans. De plus, les sultans ne
partirent plus en campagne à la tête de leur
armée et délaissèrent la pratique de former
leurs fils aux affaires de l'Etat en les envoyant
dans les provinces. A la place, les princes
étaient confinés dans un endroit du palais appelé
"kafes" (la "cage")
où leurs jours s'écoulaient dans la paresse
parmi les femmes de leur harem.
Ainsi, lorsqu'ils accèdaient au trône, ils n'avaient
aucune expérience pratique pour gouverner. Après
le règne de Soliman le Magnifique, il y eut
aussi parfois un manque de candidats en âge
de gouverner. Dans de telles circonstances,
le pouvoir devait forcément aller à d'autres.
Durant la période appelée "le Sultanat
des Femmes", où l'impact politique du harem
fut fortement ressenti, ce furent les mères
(Valide Sultan) des jeunes sultans qui exercèrent
le pouvoir au nom de leurs fils; les janissaires,
eux, passèrent lentement à la tête de l'armée
et de l'administration, et déléguèrent leurs
charges à leurs fils, et ce le plus souvent,
avec l'aide d' officiels qu'ils avaient soudoyés.
L'amorce
du déclin de l'Empire a été engendré, à
partir de 1579, par des facteurs interdépendants
tels que des sultans inefficaces manipulés par
leurs mères, leurs femmes et leurs grands vizirs,
la lutte pour le pouvoir, les révoltes de janissaires
dont l'influence dans les affaires de l'Etat
augmente sans cesse, la corruption...
La
guerre contre l'Autriche est reprise par
Murat III. En 1606, Ahmet
Ier signe la Paix de
Svitvatorok, qui donne le même
statut à l'Empereur qu'au sultan, suite
à l'insuccès militaire ottoman et aussi
parce que la mobilisation de l'armée se
révèle nécessaire afin de mater les révoltes
de Celali en
Anatolie. Ces insurrections populaires,
contre la levée de taxes excessives par
les féodaux, menacent l'Etat et causent
de grandes destructions dans les campagnes
et dans les villes.
Ahmet Ier
Le
jeune et inexpérimenté Osman II,
qui veut introduire de profondes réformes,
est le premier sultan déposé et exécuté
(1622) par les janissaires qui mettent
pour la deuxième fois sur le trône Mustapha
Ier, puis Murat IV
en 1623, alors qu'il n'est encore qu'un
enfant. Sa mère, Kösem Sultane,
soutenue par le grand vizir, exerce le
pouvoir mais la corruption, les troubles
intérieurs et les rebellions dans les
provinces augmentent jour après jour.
Prenant le pouvoir par un coup d'état
en 1632, Murat IV se
débarasse de l'influence du harem et gouverne
d'une main de fer, restaurant la paix
et l'ordre public. Les Perses
Séfévides, profitant de la situation
instable, ont repris Bagdad en 1624. La
reprise de Bagdad par Murat IV en 1638
met fin à quinze ans de guerre avec l'Iran.
Afin de commémorer ses victoires en Iraq
et en Arménie, le sultan fait construire
le Kiosque de Bagdad (1638–39) et le Pavillon
de Revan (1635–36) dans le Palais
de Topkapi.
Murat IV
La situation intérieure se dégrade à nouveau
sous Ibrahim Ier au fur et
à mesure que les janissaires
prennent de plus en plus d'autorité. Sous Mehmet
IV, dans la seconde moitié du XVIIe
siècle, deux grands vizirs énergiques, les Köprülü
(le père, Mehmet Pacha est succédeé
par son fils, Fazil Ahmet Pacha), parviennent
à redresser la situation de façon spectaculaire.
Avec la prise de l'Ukraine
aux Polonais (1667-68), les victoires remportées
sur la marine vénitienne et avec la conquête
de la Crète (1668), les Köprülü
redonnent vigueur et fierté à l'Empire Ottoman.
Par contre, leur successeur Kara
Mustafa Pasha de Merzifon, suite à
l' échec du second siège de Vienne
en 1683, est exécuté sur ordre de Mehmet IV
lors de la retraite de l'armée ottomane.
Etendue
de l'Empire Ottoman en 1682
1686
- 1792 – Le déclin de l'empire : la
fin du XVIIe siècle et le début du XVIIIe sont
marqués par une succession de revers militaires.
Après avoir évacué la Hongrie en 1686, les Ottomans
signent, en 1699, le Traité de Carlowitz
avec l'Autriche consacrant la perte
de la Transylvanie: l'Empire est forcé d'abandonner
du territoire pour la première fois. Süleyman
II, Ahmet II et Mustafa
II doivent faire face à un nouvel
adversaire, la Russie qui
va s'allier à l'Autriche. Pierre le
Grand (1682-1725) entreprend la conquête
de la Crimée, alors possession des Ottomans
qui ripostent. La guerre éclate, mais leur défaite
et le Traité de Prut (1711)
va temporairement stopper les efforts des Russes
à avoir une ouverture sur la Mer Noire. Le Traité
de Passarowitz (1718) fait perdre à l'Empire,
en faveur de l'Autriche, de nouveaux territoires,
dont Belgrade, qui seront en partie récupérés
par le Traité de Belgrade
(1739).
Sous
Ahmet III, après une
période d'accalmie correspondant à la
Periode Artistique des Tulipes
(Lale
Devri 1718-1730), la guerre fait rage
de nouveau et apporte des succès marquants
aux adversaires de l'Empire. Mahmut
Ier reprend les hostilités dans
le Caucase, mais en 1746 la paix est signée
avec la Perse. Sous Abd-ül-Hamit
Ier, l'Etat est en proie à une
crise économique et doit faire face à
des attaques répétées de la Russie désormais
adversaire majeur des Ottomans qui lui
proposent la paix. Par le Traité
de Küçük Kaynarca (1774), la
Russie gagne l'accès à la Mer
Noire et aux Détroits,
étape décisive de l'expansionnisme russe,
et obtient un droit de regard sur le sort
des populations orthodoxes de l'Empire,
nombreuses dans ses provinces balkaniques.
Quelques années plus tard en 1783, la
Russie annexe la Crimée. Entre 1787 et
1792, la guerre reprend entre la Russie
et l'Empire Ottoman qui subit encore plus
de pertes.
Caftan avec motifs de tulipes
Les
tentatives de modernisation,
à partir de la fin du XVIIIe et au cours
du XIXe siècle, sont le fait de sultans
"éclairés" tels que Selim
III (1789-1807) qui ouvre de
nouvelles écoles militaires et réorganise
l'armée avec l'aide d'instructeurs français,
mais échoue dans son essai de remplacer
les Janissaires
qui le renversent. Mahmut II
(1808-1839) abolit le corps des Janissaires
(1826), groupe de pression hostile à toute
réforme, et fait tuer un grand nombre
d'entre eux. Puis il réorganise l'armée
sur un modèle occidental, introduit le
costume européen et remplace le traditionnel
turban
par le fez. Des ministères sont établis
à la place du Divan.
Mais Mahmut II doit faire face à de lourds
défis tout au long de son règne.
Mahmut II portant le fez et le costume européen
En 1798, Napoléon Bonaparte
occupe l'Egypte, et les Ottomans n'en reprennent
le contrôle qu'en 1801, après que Mehmet
Ali Pasha ait été envoyé afin de repousser
l'armée française. Il devient gouverneur (vice-roi)
d'Egypte, réussit pratiquement à prendre son
indépendance vis à vis du sultan ottoman, allant
jusqu'à se débarasser des chefs Mamelouks
(1811). Mahmut II lui promet de le faire gouverneur
de Syrie en échange de son intervention dans
les révoltes grecques. Mais lorsque la flotte
de Mehmet Ali est coulée à Navarino (1827) par
les Britanniques, les Français et les Russes,
le sultan refuse de lui donner la province.
Mehmet Ali envahit alors la Syrie et l'Asie
Mineure (1838). Menacé par les Européens, il
est forcé d'abandonner. Par une décision de
compromis, Mahmut II le reconnaît comme souverain
héréditaire d'Egypte.
La déposition des gouverneurs pro-Russes de
Moldavie et de Walachie
aboutit à la guerre Russo-turque
(1806- 1812). En 1821 commence la guerre
grecque pour l'indépendance. Mahmut II ayant
refusé une armistice demandée par la Grande
Bretagne, la France et la Russie, leurs flottes
alliées attaquent et coulent la flotte de Mehmet
Ali, mais seule la Russie déclare la guerre
en 1828. Vaincus, les Ottomans acceptent le
Traité d'Andrinople par lequel
la Russie acquiert plus de territoire sur la
Mer Noire, la Serbie obtient son autonomie (1829)
et la Grèce son indépendance (1830).
La Guerre de Crimée: la Russie,
dont la principale ambition est de mettre la
main sur Constantinople
et de contrôler les Détroits,
tente d'obtenir plus de concessions des Ottomans,
mais l'Empire est soutenu par la France et la
Grande Bretagne qui font de sa survivance une
nécessité pour l'équilibre international. Lorsque
sa demande pour la protection des Lieux
Saints en Palestine
est refusée par la France et le gouvernement
ottoman, en juillet 1853 la Russie riposte en
occupant les états vassaux ottomans de Moldavie
et Valachie. En octobre, la Guerre de Crimée
éclate quand l'Empire déclare la guerre à la
Russie. Lorsque les Russes détruisent la flotte
ottomane à la bataille navale de Sinop,
la Grande Bretagne, la France et le Piémont,
concluant que l'expansion russe doit être stoppée,
interviennent militairement en mars 1854. L'Autriche
reste neutre, mais par sa menace d'entrer en
guerre aux côtés des Ottomans, force la Russie
à évacuer la Moldavie et la Valachie. L'avènement
du Tzar Alexandre II et la
prise de Sébastopol par les Alliés entraînent
des négotations de paix. Elles aboutissent au
Traité de Paris (mars 1856)
qui reconnait l'indépendance et l'intégrité
de l'Empire Ottoman et rend la Mer Noire neutre
et fermée à tous navires de guerre.
La banqueroute ottomane et la dette
publique: l'Empire émerge de la guerre
économiquement épuisé. La situation financière
est catastrophique, la corruption est généralisée,
et les revenus de l'Etat partiellement hypothéqués
d'avance au profit des administrateurs de la
Dette Ottomane représentant ses créanciers étrangers.
La Grande Bretagne, la France et l'Autriche,
ayant investi beaucoup de ressources dans la
Guerre de Crimée, et ne désirant pas venir de
nouveau à l'aide de l'Empire chancelant, envoient
des hommes d'affaire et administrateurs afin
de réformer et reconstruire l'économie. Mais
l'Empire est atteint par l'impact des capitalismes
occidentaux de l'époque. A la suite du crash
boursier de Vienne du 9 mai 1873 qui a emporté
avec lui l'économie de l'Europe, l'argent et
les prêts venant de l'étranger arrêtent d'affluer
vers la capitale ottomane, et le gouvernement
entre dans une crise financière. La Turquie
est alors "l'homme malade de l'Europe".
En 1881, un accord est passé, établissant l'Administration
de la Dette Publique constituée par des représentants
ottomans et européens. Cet arrangement soumet
les Ottomans à un contrôle financier étranger
dont ils ne parviennent pas à se libérer à cause
des emprunts continuels.
L'ère
des réformes ou "Tanzimat",
qui s'étend de 1839 à 1876, voit de grands
changements s'accomplir : sous Abdülmecit
(1839-1861) deux décrets paraissent,
l'un en 1839 l'autre en 1856, contenant
un important programme de réformes civiles
connues sous le nom de "Tanzimat".
Une banque nationale est créée; l'administration
est modernisée; la justice est partiellement
sécularisée; tous les citoyens sont proclamés égaux
devant la loi, sans considération de leur
religion.
Le Palais de Dolmabahçe construit sous Abdülmecit
Abdülaziz
(1861-1876) est le premier sultan
à voyager en Europe. Invité par Napoléon
III, en juin-juillet 1867, il
assiste à l'Exposition Universelle de
Paris. Il rend ensuite visite à la Reine
Victoria à Londres, à Guillaume
Ier en Prusse, à François-Joseph
Ier à Vienne. Dans le cadre
de la Réglementation de l'Education Publique,
un système moderne d'éducation obligatoire
et gratuit est établi pour tous les enfants
jusqu'à l'âge de douze ans. En septembre
1868, le célèbre Lycée
Impérial de Galatasaray
ouvre ses portes. Le français est la principale
langue d'instruction, la plupart des professeurs
sont étrangers, et les élèves proviennent
de communautés religieuses différentes.
De nombreuses écoles privées sont également
ouvertes par les minorités religieuses
et des missionaires étrangers.
Abdülaziz
La construction d'un chemin de fer est amorcée
vers (l'Orient Express) et en Anatolie (région
égéenne). Mais le fait qu'Abdülaziz dépense
une grande partie de l'argent provenant des prêts
des banques européennes pour le compte de la famille
impériale dans la construction et la décoration
de kiosques et de palais afin de rivaliser avec
ceux en Europe, l'entraîne à sa perte. Sous son
règne, le Parti Libéral est
formé par Mithat Pacha, le leader
de la révolution qui dépose le sultan.
Abdülhamit
II (1876-1909), succède à Murat
V qui, très vite, a été à sont tour
déposé à cause de son insanité. Mithat
Pacha, devenu grand vizir, assure la
promulgation de la première constitution
turque (1876-77). Mais les crises externes
et internes qui ont secoué le début son règne,
convainquent le sultan que seul un gouvernement
fort et centralisé peut empêcher l'Empire de s'effondrer.
Abdülhamit II renvoie rapidement Mithat Pacha,
dissoud le parlement et le remplace par un absolutisme
rigoureux. Le sultan vit quasiment isolé dans
son Palais de Yildiz
où il ne reçoit que quelques conseillers en qui
il a toute confiance. Des mesures internes sévères
sont prises, incluant la bureaucratisation du
gouvernement, l'établissement d'une organisation
de police secrète et un système de censure. Le
sultan, qui mène une vie de stricte observance
religieuse, à l'inverse de ses prédécesseurs durant
le XIXe siècle, se présente en tant que principal
protecteur des Musulmans et développe une politique
panislamique. La Guerre Russo-Turque de 1877–1878
éclate à la suite de révoltes anti-ottomanes
en Herzégovine et en Bosnie (1875) puis en Bulgarie
et en Serbie, territoires des Balkans dont la
population est en grande partie slave, comme le
sont les Russes. Concernées par l'influence russe
grandissante, les grandes puissances européennes
convoquent le Congrès de Berlin
afin de revoir et modifier le désastreux Traité
de San Stefano de 1878, auquel les Ottomans
ont été forcés, et qui dépossède l'Empire de la
plupart de ses territoires européens. En conséquence,
la Russie acquiert Ardahan, Batum, et Kars
dans le nord-est de l'Anatolie; la Roumanie (Valachie
et Moldavie), devenue indépendante, est forcée
de céder le sud de la Bessarabie à la Russie en
échange du Dobroudja; la Serbie et le Monténégro
obtiennent aussi leur indépendance; la Bosnie
et l'Herzégovine passent sous administration austro-hongroise;
la Grande Bulgarie est réduite à une principauté
indépendante au nord, et les Ottomans reprennent
possession de la Roumélie de l'Est (auparavant
la Bulgarie du Sud, annexée à nouveau par la Bulgarie
en 1885) et de la Macédoine. La Grande Bretagne
est authorisée à occuper et administrer Chypre
en échange d'un engagement à défendre les Ottomans
contre la Russie.
Otto von Bismarck pousse la
Russie à faire de plus amples concessions, ce
qui mène à de meilleures relations germano-turques.
La visite du Kaiser Guillaume II
à Istanbul renforce les liens entre l'Empire et
les Allemands qui voient les intérêts économiques
et deviennent les principaux fournisseurs d'armes
et entraînent l'armée ottomane.
Le Kaiser Guillaume II au Palais de Dolmabahçe – Zonaro, Palais de Dolmabahçe
Le règne d'Abdülhamit II a été témoin de plus
amples pertes territoriales, incluant la perte
de la Tunisie à la Français en 1881, et de l'Egypte
aux Britanniques en 1882. En 1897, les Grecs déclarent
la guerre aux Ottomans suite à une insurrection
en Crète et la proclamation par les rebelles de
l'union avec la Grèce. Vaincue, la Grèce demande
l'intervention de l'Europe. En conséquence, la
Grèce doit payer des indemnités de guerre mais
la Crète obtient son autonomie et des milliers
de musulmans sont contraints à quitter la Crète
et la Grèce et viennent se réfugier en Anatolie
occidentale.
La Révolution des Jeunes – Turcs est
suscitée par l'autoritarisme et la brutalité implacable
d'Abdülhamit II, le "sultan
rouge", et la répression interne grandissante.
Un mouvement libéral d'opposition, ou parti des
"Jeunes Turcs"
principalement composé d'intellectuels et d'officiers
de l'armée, s'organise en tant que "Comité
pour l'Union et le Progrès". Les
Jeunes Turcs déclenchent une révolution (1908)
afin de contraindre le sultan à restaurer la constitution
de 1776-1877 et le gouvernement parlementaire.
En 1909, une tentative de contre-révolution, faite
par un groupe conservateur musulman avec la complicité
du sultan, aboutit à la déposition d'Abdülhamit
II par les Jeunes Turcs.
Son
frère Mehmet V lui succède
sur le trône, mais c'est Enver Pacha
(il forme un triumvirat avec Talat
Pacha et Cemal Pacha)
qui, en fait, détiend le pouvoir. Il supprime
tout parti d'opposition et, vers 1914, contrôle
pratiquement tous les sièges au parlement
ainsi que tous les ministères, établisssant
un régime autoritaire.
Les succès des Jeunes Turcs ouvrent la voie
à une série de profonds changements. Des
efforts sont fait pour une modernisation
rapide en particulier dans les domaines
de l'urbanisation, l'agriculture, l'industrie,
la sécularisation de l'état et l'émancipation
de la femme
(ouverture d'écoles pour femmes, progrès
faits pour les droits de la femme).
Mehmet V porté au pouvoir
par les Jeunes Turcs
L'effondrement de l'Empire
: le nouveau gouvernement est harcelé par des
menaces extérieures. En 1911-1912, l'Italie
occupe Tripoli et la Cyrénaique, derniers lambeaux
de l'Empire en Afrique du Nord, et les îles
du Dodécanèse. Suite à une révolte de nationalistes
albanais au Kossovo, l'Albanie proclame son
indépendance en 1912. A l'exception de l'est
de la Thrace
et des îles d'Imbros (Gökçeada) et de Ténédos
(Bozcaada) situées à l'entrée des Dardanelles,
les deux Guerres Balkaniques
(1912-1913), déclanchées par la Bulgarie, la
Serbie, le Monténégro, et la Grèce qui finit
par annexer la Crète, enlèvent à l'Empire ses
possessions européennes.
A
cause des bonnes relations avec l'Allemagne,
de la continuelle inimitié envers la Russie
et la perte de territoires ottomans pendant
les Guerres Balkaniques, en novembre 1914,
Enver Pasha fait entrer l'Empire dans
la Première Guerre Mondiale. Ayant pris
le parti de l'Allemagne et de l'Autriche-Hongrie,
les Turcs partagent la défaite des Puissances
Centrales malgré une résistance victorieuse,
sous le commandement de Mustafa
Kemal, contre les débarquements anglo-français
des Dardanelles
(1915).
En 1914-1915, l'est du pays (le Caucase)
est envahi par les Russes appuyés par
des volontaires arméniens. Mais la Russie
se voit contrainte d'arrêter la guerre
en 1917 à cause de la Révolution Bolchévique,
et le Traité de Paix de Brest-Litovsk
(3 Mars 1918) assure l'évacuation
des provinces de l'est anatolien et le
retour d'Ardahan, de Batum et de Kars.
Mustafa Kemal Pacha (debout au centre)
pendant la Guerre des Dardanelles (1914)/font>
En 1917, les Britanniques prennent Baghdad,
Jerusalem et Damas. L'officier des services
de renseignements T.E. Lawrence (mieux connu
sous le nom de Laurence d'Arabie) pousse les
chefs du Yemen, du Hidjaz
et de la Palestine à se rebeller et coordoner
leur soulèvement afin d'aider les intérêts britanniques.
L'Armistice de Moudros (3
octobre 1918) consacre la défaite des Turcs
et donne aux Puissances de l'Entente
Cordiale le droit d'occuper tout le
territoire ottoman qu'elles commencent à se
partager: en 1918-1919, les Britanniques occupent
Mossoul, puis dans le sud-est de l'Anatolie
Kilis, Antep,
Maras
et Urfa
qu'ils donnent aux Français qui occupent déjà
Mersin et Adana.
Les Italiens, eux, occupent la région égéenne,
Mugla,
Antalya,
Burdur,
Konya. Les
Grecs débarquent à Izmir
le 15 mai 1919.
Mehmet VI (1918–22), le dernier
sultan ottoman, capitule devant les Alliés qui
occupent Istanbul
le 16 mars 1920. Il consent au dur Traité
de Sèvres qui liquide l'Empire Ottoman,
et de fait abolit la souveraineté turque. Après
six siècles d'existence, l'Empire Ottoman s'effondrait.
Les
Arméniens: en
1894-96, déjà soutenus par la Russie, des comités
révolutionnaires nationalistes arméniens voient
le jour, fomentent des émeutes, dont le but
est d'amener d'abord les Ottomans à réagir à
leur violence et ensuite de pousser les puissances
étrangères à intervenir. Les répressions qui
s'ensuivent amènent les Arméniens à
commencer à émigrer dans le monde entier. Lors
de la Première Guerre Mondiale,
la Russie, qui a toujours rêvé d'ouvertures
sur la Méditerranée, envahit l'est de l'Anatolie.
Sous le prétexte d'une grande Arménie unifiée,
la Russie arme et entraîne les Arméniens ottomans
à la rébellion. Au printemps 1915, des groupes
arméniens armés incendient des villages de la
province de Van peuplés de musulmans,
s'emparent de Van et livrent la ville à l'armée
russe. Ces évènements donnent lieu à la riposte
turque avec des actions visant à supprimer les
foyers insurrectionnels et à écarter les Arméniens
de toutes les régions où ils sont susceptibles
de gêner et saper les mouvements de l'armée
ottomane contre les Russes ou contre les Britanniques.
Le gouvernement ottoman prend une décision
lourde de conséquences pour les deux camps en
transférant, jusqu'en 1917, environ 700 000
Arméniens établis dans les provinces de Van,
Bitlis et Erzurum,
dans les districts d'Adana,
Mersin,
Kozan, Maras,
Iskenderun,
Antakya,
dans la province d'Alep, vers le centre et l'est
de la Syrie et le nord de l'Irak.
Epilogue : l'histoire de la Turquie
moderne commence avec Mustafa
Kemal, le leader des nationalistes turcs,
qui refuse d'accepter les termes du Traité
de Sèvres et organise la résistance.
Un gouvernement rival est formé à Ankara et
la Grande Assemblée
Nationale abolit le sultanat le 1er novembre
1922. Mehmet VI, le sultan
déchu, s'enfuit le 17 novembre (il meurt en
exil à San Remo le 16 mai 1926, mais est enterré
à Damas). Le jour suivant, il est déchu de son
titre de caliphe
dont la charge passe à son cousin Abdülmecit.
A la suite de la proclamation de la République
Turque (29 octobre 1923), le califat est
aboli (3mars 1924) et tous les membres de la
Maison Ottomane sont exilés.