MUSTAFA KEMAL ATATÜRK

Mustafa Kemal, né en 1881 à Salonique était un ancien élève de l'école militaire de Monastir et de Constantinople. Cet officier devenu général, qui fut l'un des premiers membres du mouvement Jeunes Turcs et un précurseur de la révolution, voulait libérer la Turquie du régime décadent du Sultanat. Il s'illustra pendant la Première Guerre Mondiale en faisant échouer l'expédition anglo-française des Dardenelles. En 1919, après la capitulation du gouvernement ottoman, suite aux congrès d'Erzurum et de Sivas, il se vit confier la mission de préserver l'intégrité du territoire turc alors en voie de démembrement. Il fut élu président de la Grande Assemblée Nationale en avril 1920.

Atatürk

Il mena la Guerre d'Indépendance de 1920 et 1922 et libéra totalement l'Anatolie. Nommé premier Président de la République en 1923, il ne cessa de lutter pour faire de son pays un état moderne. En 1934, lorsque chaque citoyen dut prendre un nom de famille, l'Assemblée Nationale lui décerna le nom d'Atatürk, qui signifie "Père des Turcs". Il mourut en 1938 à Istanbul, à l'âge de 57 ans.
 




LA TURQUIE MODERNE

La Guerre d'Indépendance a lieu entre 1919 et 1922 contre les Alliés victorieux qui veulent le controle de l'Anatolie. Le 23 avril 1920, la Grande Assemblée Nationale, dont Mustafa Kemal est le président, se réunit à Ankara et forme un gouvernement nationaliste. Le Traité de Sèvres, qui démembre l'Anatolie et la partage en zones d'influences des puissances étrangères, déclenche la guerre contre les Grecs (1920-1922) qui aboutit à la reprise de Smyrne (Izmir). Le Traité de Lausanne (24 juillet 1923) établit la souveraineté de la Turquie moderne. L'Etat turc se voit assigner des frontières stables, des échanges de populations sont arrangés entre la Grèce et la Turquie: l'indépendance de la Nation est totale.

Mustafa Kemal élu président
de la Grande Asemblée Nationale

La République est proclamée le 29 octobre 1923. Mustafa Kemal est élu président du nouvel Etat, et Ankara en est la capitale. Il ne reste de l'immense empire que le coeur, l'Anatolie, et un petit territoire en Europe, la Thrace Orientale. Pour arracher son peuple à l'emprise de l'Islam, Mustafa Kemal va pendant quinze ans consacrer son énergie à la révolution nationale dont le programme de réformes va éliminer les obstacles qui s'opposaient aux relations du pays avec l'Occident.

 



Les réformes

- 1922: abolition du sultanat
- 1923: instauration de la République
- 1924: abolition du califat
- 1925: suppresssion des tribunaux religieux, des écoles coraniques (medrese), des confréries et sectes religieuses. Unification de l'éducation. Interdiction du port de tout costume religieux et du fez. Remplacement des vêtements traditionnels par des vêtements de style européen. Interdiction du port du voile pour les femmes. Abrogation du calendrier musulman . Mise en usage du calendrier grégorien. Adoption du systeme horaire international, avec repos le dimanche au lieu du vendredi.
- 1926: adoption du code civil suisse en remplacement du droit islamique, du code commercial allemand, du code pénal italien.
- 1928: substitution de l'alphabet latin à l'écriture en caracteres arabes. Séparation de l'état et de la religion. Abolition de la polygamie et obligation du mariage civil.
- 1930: loi accordant aux femmes le droit de vote dans les élections municipales.
- 1931: adoption du systeme métrique.

- 1934: les femmes obtiennent le droit de vote et d'éligibilité dans les élections nationales. L'instruction publique devient obligatoire et gratuite dans les écoles mixtes. Suppression des anciens titres. Epuration de la langue des mots arabo-persans. Obligation de prendre des noms de famille. Mustafa Kemal choisit celui
d'Atatürk le "Père des Turcs".

Atatürk


L'économie: L'état oriente le développement de l'industrie et des activités agricoles, il crée des banques, installe des usines, exploite les ressources minières, fixe les prix d'achat et de vente des principaux produits, engage de grands travaux. Les concessions étrangères ont été supprimées, les moyens de transport et les grandes entreprises industrielles sont nationalisées, et les domaines du sultan sont morcelés et attribués aux paysans.

La politique étrangère
: Les accords avec ses voisins et les grandes puissances sont des succès.
- 1932: participation à la Société des Nations
- 1934: participation au Pacte Balkanique
- 1936: Convention de Montreux qui rend à la Turquie le contrôle des détroits. Participation au Pacte de Saadabad avec plusieurs pays du Proche-Orient (Iraq, Iran, Afghanistan)
- 1938: rétrocession par la France, qui est titulaire du mandat de la S.D.N. sur la Syrie, du Sandjak (département) d'Alexandrette sous le nom d'Iskenderun.

- Mort d'Atatürk le 10 novembre 1938

 





LA TURQUIE POST-KEMALISTE

Ismet Inönü (1884 - 1973) succède à Atatürk à la tête de l'état. La Turquie traverse la Deuxième Guerre Mondiale en s'efforçant à la neutralité: elle déclare symboliquement la guerre à l'Allemagne et au Japon en février 1945. La Turquie tout en conservant sa fidélité à la mémoire d'Atatürk va pencher vers un régime plus démocratique, renonçant à un parti unique et au dirigisme économique. Elle trouve alors son plus sûr allié dans les Etats-Unis avec le Plan Marshall en 1948, et devient membre de l'OTAN en 1952.


Le coup d'état de 1960: en 1950, le Parti Démocrate (DP) triomphe aux élections et gouverne le pays jusqu'au 27 mai 1960, date à laquelle les militaires prennent le pouvoir. Les leaders du parti sont emprisonnés et certains condamnés à mort, inculpés de haute trahison, de lois anti-constitutionelles et de corruption.Trois anciens ministres dont Menderes sont exécutés. La démocratie sera restaurée en 1963, après modification de la Constitution. Mais la situation ne s'améliore pas. Les accords passés avec l'URSS, le départ pour l'Europe d'une main-d'oeuvre excédentaire, la dévaluation de la monnaie, l'essor du tourisme ne parviennent pas à enrayer le chômage ni la montée des prix. La crise du pétrole bouleverse la vie économique.

 
La crise de Chypre: c'est dans un climat d'instabilité politique, due aux coalitions qui se succèdent, qu'éclate la crise de Chypre (juillet 1974). Tous ces désordres nourrissent des extrémistes de droite et de gauche.
En 1571 Chypre fut incorporée à l’Empire Ottoman. En 1878 la Grande Bretagne fit une proposition d’alliance à l’Etat ottoman contre la Russie, et demanda à utiliser Chypre comme base. En échange de leur aide, les Turcs abandonnèrent l’administration de l’île aux Anglais. En 1914 la Grande Bretagne annexa Chypre lorsque l’Etat Ottoman prit part à la Première Guerre Mondiale aux côtés de l’Allemagne. En 1925, en accord avec le Traité de Lausanne, deux années furent accordées aux Turcs chypriotes pour obtenir la citoyenneté turque. Beaucoup de Turcs, mécontents de l’administration britannique, émigrèrent en Turquie. Dans les années 1930, les Grecs chypriotes (78% de la population), menés par l’Eglise Orthodoxe Grecque, entama un mouvement pour
l’« enosis », c est à dire pour l’union avec la Grèce. En réponse, la Grande Bretagne envoya de nombreux prêtres dissidents en exil, mais le mouvement s’amplifia donnant naissance, en 1954-55, à des actes de violence entre Grecs et Turcs chypriotes. En 1960, la Grande Bretagne accorda son indépendance à l’île, moyennant un plan comprenant des garanties constitutionnelles pour la minorité turque. Monseigneur Makarios, rentré d’exil, devint Président. Il tenta de favoriser les Grecs chypriotes au détriment de la communauté turque, ce qui provoqua une violence inter-communautaire en 1964, menant au déploiement des forces de maintien de la paix par les Nations Unies. Le 15 juillet 1974 un coup d’état fut organisé par la junte au pouvoir en Grèce, dans le but d’assassiner Makarios et d’établir rapidement l’enosis. Nikos Sampson, un fervent défenseur de l’enosis qui avait répandu le sang dans les années 1950 –60, fut placé à la présidence. Makarios, après sa fuite en Angleterre, alla à New York s’adresser au Conseil de Sécurité des Nations Unies afin d’accuser la Grèce d’avoir usurpé les droits démocratiques de la population chypriote, ainsi que l’indépendance et la souveraineté de la République de Chypre. Le 20 juillet 1974, la Turquie usa de la force militaire et occupa le nord de l’île afin de protéger la minorité turque. Le 23 juillet la junte grecque tomba, Konstantinos Karamanlis prit le pouvoir à la tête d’un gouvernement démocratique, et Makarios revint en tant que président de Chypre. En juillet 1975 la Turquie, qui n’avait pas retiré ses troupes, établit un Etat Fédéré Chypriote Turc dans le nord occupé, et nomma Rauf Denktas président. Il fut convenu d’un échange de population entre les Turcs du sud de l’île et les Grecs du nord de l’île. Ainsi, Chypre se trouva divisée en deux états représentés par deux communautés. Makarios mourut en août 1977 et les Grecs chypriotes élirent président Spiros Kiprianou, le leader du Parti Démocrate. L’Etat Fédéré Chypriote Turc ainsi que la Turquie ne le reconnurent pas, disant que Kiprianou ne pouvait que représenter les Grecs dans le sud de l’île. Des négociations entre les deux communautés eurent lieu. Cependant, voyant qu’elles n’aboutiraient pas, en mai 1983 tous les pourparlers furent stoppés, et le 17 novembre 1983, l’Assemblée de l’Etat Fédéré Chypriote Turc proclama à l’unanimité la République Turque de Chypre Nord (officiellement reconnue par la Turquie) et Rauf Denktas fut élu le premier président.
En juin 2001, le Conseil de Sécurité des Nations Unies renouvela sa mission à Chypre et en janvier 2002 des pourparlers directs entre les deux parties, menés par les Nations Unies, furent entamés. En novembre, le Secrétaire Général des Nations Unies, Kofi Annan, présenta un plan de paix pour Chypre, qui envisageait une fédération avec deux parties constituantes qui se relaieraient en alternance à la présidence. En décembre, le sommet de l’Union Européenne à Copenhague proposa l’intégration de Chypre en 2004, moyennant que les deux communautés s’entendent sur le plan proposé par les Nations Unies au début du printemps 2003. Mais en mars 2003, l’ultimatum arriva à échéance sans que les parties aient pu aboutir à un accord pour le plan de réunification. Après l’échec du plan des Nations Unies, le 23 avril, les postes de contrôle furent ouverts afin que Turcs et Grecs chypriotes puissent traverser, pour la première fois depuis trente ans, la ligne de démarcation qui coupe l’île en deux, et ce, suite à la déclaration des autorités chypriotes turques qui désiraient alléger les restrictions afin de rétablir la confiance entre les deux communautés. L’ouverture des frontières a été accueillie avec un enthousiasme sans précédent par les citoyens Grecs et Turcs.
Le 3 avril 2008, les grecs et turcs Chypriottes ont ouvert un point de passage dans la rue Ledra (appelée par les Turcs Lokmaci), grande rue commerçante de la capitale divisée de Chypre qui a symbolisé la partition ethnique de l'île. En 1964, suite à des combats inter-communautaires, la première barricade qui a divisé l'île a été élevée dans la rue Ledra à Nicosie.
Des espoirs de réunification s'élèvent depuis que le grec chypriotte Demetris Christofias à été élu Président de la République en février 2008. Lui et le président turc chypriotte Mehmet Ali Talat disent qu'ils désirent arriver à un accord.
(cliquez ici pour la carte de Chypre).

Le coup d'état de 1980: une montée de la violence et l'inefficacité du gouvernement entraîne la prise du pouvoir par les militaires, le 12 septembre 1980, menée par Kenan Evren qui deviendra Président de la République en novembre 1982, lorsqu'une troisième constitution est mise en place après un référendum national. Celui-ci est élu pour sept ans par l'Assemblée Nationale qui détient le pouvoir législatif. Cette dernière est un Parlement (TBMM) comprenant 550 membres désignés au suffrage universel pour cinq ans. En avril 1983 le Conseil National de Sécurité lève l'interdit sur les partis politiques. Le chef du gouvernement est le Premier Ministre Turgut Özal, qui amène au pouvoir le Parti de la Mère Patrie (Anavatan). Le nouveau gouvernement s'est efforcé de rétablir la situation économique, d'intégrer économiquement la Turquie au reste du monde et de progresser dans la pratique de la démocratie.

En 1984 débute le conflit armé avec le PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan) qui prétend créer un "Kurdistan" indépendant par la lutte armée. Ce groupe ultra-minoritaire kurde se réclamant du Marxisme-léninisme et dont le fondateur et leader est Abdullah Öcalan surnommé "Apo", fera règner la terreur pendant 15 ans dans le sud-est anatolien, exécutant civils et enfants.

Depuis 1989: C'est à cette date que Turgut Özal devient Président de la République. L'armée n'a pas renoncé à son rôle de gardienne, mais elle est discrète. La Turquie est mouvante et ouverte aux idées. Une libéralisation du régime est en cours avec une meilleure politique intérieure influant sur les relations avec l'étranger.

En 1993, après la mort de Turgut Ozal, Süleyman Demirel lui succède. Depuis lors, plusieurs gouvernements de coalitions se sont formés:


En 1993 le DYP (Parti de la Juste Voie) et le SHP (Parti Social Démocrate).

En 1995 le DYP et le SHP qui a fusionné avec le CHP (Parti Républicain du Peuple).

En 1995 le Refah (Parti de la Prospérité islamique) gagne les élections et coalise avec DYP (Refahyol).

En 1998 le Refah est fermé accusé d'être une menace contre la laicité. A sa place le FP (Parti de la Vertu) sera fondé et fermé à son tour en 2001, lui-même remplacé par le SP (Parti de la Félicité).

Le 16 février 1999, le leader du PKK, Abdullah Öcalan responsable de la mort d'environ 30 000 personnes, est arrêté au Kenya par les Services Secrets Turcs (MIT) alors qu’ il était en cavale depuis que la quasi totalité de la communauté internationale a décidé de ne plus lui offrir asile.

En 1999 un nouveau gouvernement de coalition est formé par les partis DSP (Parti Social Démocrate) avec Bülent Ecevit comme Premier Ministre, MHP (Parti de l'Action Nationaliste) avec Devlet Bahçeli comme Premier Ministre adjoint, et ANAP (Parti de la Mère Patrie) avec Mesut Yilmaz comme autre Premier Ministre adjoint.

Le nouveau Président de la République Ahmet Necdet Sezer élu par le Parlement et qui était le chef de la Cour Constitutionnelle, est réputé pour sa fidélité aux valeurs démocratiques et pour son objectivité.

Le 2 août 2002, sous ce gouvernement, le Parlement Turc a voté en faveur de l'abolition de la peine de mort en temps de paix.

En août 2002 le Parlement Turc (la Grande Assemblée) a voté en faveur d'élections anticipées qui se sont déroulées le 3 novembre 2002.

Le Parti de la Justice et du Développement (Adalet ve Kalkinma Partisi = AKP), qui est un parti démocratique-islamiste modéré, a gagné la majorité parlementaire. C'est la première fois en 15 ans qu'un parti s'est trouvé en position de gouverner seul, chose dûe en grande partie à la colère des électeurs face à une économie en déroute.
Le Parti de la Justice et du Développement a obtenu 34% des voix, et le Parti Républicain du Peuple (CHP) de centre-gauche de Deniz Baykal 19 % des voix. Le AKP a gagné 363 sièges -- ce qui est suffisant pour gouverner sans former une coalition --, le CHP 178 sièges, et les Indépendants 9 sièges.
Le Leader du AKP, Recep Tayyip Erdogan l'ancien maire d'Istanbul, n'a pas pu devenir Premier Ministre car il n'était pas un membre du Parlement : en 1998 il a été condamné pour sédition et incitation à la haine religieuse. Erdo?an a présenté au Président de la République, Ahmet Necdet Sezer, trois noms comme candidats possibles au poste de Premier Ministre. L'économiste Abdullah Gül, le Vice-Président du Parti de la Justice et du Développement, a été mandaté pour former le nouveau cabinet.

La Constitution a depuis été changée par des législateurs du parti, levant l’interdit qui empêchait l’entrée d’Erdo?an au Parlement. En mars 2003, ce dernier a été élu député lors de partielles à Siirt dans la province du sud-est, après que la commission ait annulé les élections dans cette ville à cause d’irrégularités.
Durant la période à laquelle Gül a exercé ses fonctions, Erdo?an a fortement influencé la politique et les ministres (dont Gül).
Gül a démissionné afin de laisser la voie libre à Recep Tayyip Erdogan qui, le 14 mars 2003, l’a remplacé au poste de Premier Ministre, formant un nouveau Cabinet (Gül a été nommé Ministre des Affaires Etrangères).

Le 17 décembre 2004, l'UE et la Turquie sont parvenus à des accords pour que le démarrage des négociations d'adhésion débutent le 3 octobre 2005, visant à faire entrer la Turquie dans l'Union Européenne.

Le 1er janvier 2005, six zéros ont été enlevés à la Livre Turque (Türk Lirasi). La nouvelle TL et l'ancienne TL auront cours simultanément pendant l'année 2005 jusqu'à ce que l'ancienne TL soit complètement retirée de la circulation à la fin de 2005.
La nouvelle unité monétaire est la YTL et le code monétaire international de la YTL est devenu TRY à la place de l'ancien TRL. (voir Renseignements Pratiques).

Le 3 octobre 2005, le feu vert a été donné à Luxembourg pour l'ouverture officielle des négociations d'adhésion de la Turquie à L'Union Européenne.    

Le 28 août 2007, Abdullah Gül a été élu par le Parlement Turc (TBMM) 11ème Président de la République Turque.

En septembre 2010, le gouvernement d’Erdogan a reçu l'approbation retentissante du public pour ses projets concernant le changement de la constitution vieille de 30 ans. Les changements visaient à réduire encore plus la puissance de l’armée et répondre aux exigences requises pour l'adhésion à L'Union Européenne.

Durant l’été 2013, pour la première fois Recep Tayyip Erdogan a semblé être vulnérable suite à des manifestations de masse (le mouvement Gezi) contre le gouvernement dans plusieurs grandes villes du pays, embrasées par la riposte violente de la police. Une nouvelle menace contre le pouvoir a émergé en décembre 2013, lorsque la police a lancé une enquête concernant la corruption régnant parmis les alliers du premier ministre.

Le 10 août 2014, Recep Tayyip Erdogan a été élu à la présidence de la république au suffrage universel direct. Depuis la clôture des élections présidentielles, ce dernier était très préoccupé par le désir de restructurer la nouvelle direction du Parti de la Justice et du Développement (AKP) ainsi que le nouveau gouvernement. La cérémonie de passation de pouvoirs a eu lieu le jour suivant qu’il ait laissé la direction du parti AK au ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu. Le Parti de l'Action Nationaliste (MHP) et le Parti Démocratique du Peuple (HDP) étaient présents à la cérémonie d’investiture alors que le Parti Républicain du Peuple (CHP avec pour président Kemal Kylyçdaroglu) l’a boycotté.  

Il y a une tension entre Erdogan et Gül, car apparemment ce dernier s’attendait à devenir à nouveau premier ministre. Au cours de la cérémonie de passation de pouvoirs, l’ancien président Abdullah Gül a remercié tous ceux qui ont travaillé avec lui mais a adressé des remerciements particuliers à son épouse, Hayrünnisa Gül, pour son soutien et tout spécialement durant les périodes difficiles traversées. Hayrünnisa Gül avait récemment exprimé une gêne face aux attaques faites contre son mari, visant à opposer un véto à ses ambitions de retour à la politique active. “Ils pensent que nous ne lisons rien, n’entondons rien, ne sommes au courant de rien. Je suis restée silencieuse jusqu’à présent, mais cela ne durera pas longtemps. Je vais commencer à parler, peut-être même serai-je celle qui va débuter une intifada”  a dit Hayrünnisa Gül, faisant la une des journeaux.

Au cours de son premier discours présidentiel Recep Tayyip Erdogan s’est décrit comme étant le premier chef d'état élu par le peuple durant les 2000 ans de l’histoire turque. Il a souligné que c’était le début d’une ère nouvelle en Turquie et a fait serment de continuer ses efforts afin que la Turquie soit un pays encore plus démocratique et prospère. Il a ajouté que l’axe majeur de la politique étrangère de son gouvernement était la paix, la solidarité et le bien-être et que la Turquie continuerait sur la voie de l'adhésion à l'UE.

Si Erdogan concrétise son ambition de changer la constitution et d’établir le pouvoir exécutif de la présidence, le parti au pouvoir AK atteindra une plus grande majorité au parlement lors des prochaines élections législatives en Juin 2015.

Les opposants ont mis en garde que l’ambition de Recep Tayyip Erdogan d’établir un système exécutif présidentiel mettrait trop de pouvoirs entre les mains d’un leader autocratique et éloignerait encore plus le pays candidat à l'adhésion à l'UE des idéaux séculiers du fondateur de la république Mustafa Kemal Atatürk.


Liste des Présidents de la République


1. Mustafa Kemal Atatürk : octobre 1923 - novembre 1938
2. Ismet Inönü : novembre 1938 - mai 1950
3. Celal Bayar : mai 1950 - mai 1960
4. Cemal Gürsel : octobre 1961 - mars 1966
5. Cevdet Sunay : mars 1966 - mars 1973
6. Fahri S. Korutürk : avril 1973 - avril 1980
7. Kenan Evren : décembre 1982 - novembre 1989
8. Turgut Özal : novembre 1989 - avril 1993
9. Süleyman Demirel : mai 1993 - mai 2000
10. Ahmet Necdet Sezer : mai 2000 - août 2007
11. Abdullah Gül
: août 2007 - août 2014
12. Recep Tayyip Erdo?an : depuis le 28 août 2014